Les salariés d’Albany, groupe de textile américain qui a annoncé la suppression de 200 emplois dans deux usines en Alsace et en Haute-Vienne, se sont dits "déçus et lâchés par le ministère" du Redressement productif, à l'issue d'une table ronde qui y a été organisée mercredi.
"En l’état, les discussions sont au point mort", a expliqué Christophe Sardin, délégué CGT d’Albany à Saint-Junien (Haute-Vienne). "On nous abandonne à notre sort, on a le sentiment aujourd’hui d’avoir perdu notre temps", a-t-il dit, dépité. Aucun calendrier, ni nouveau rendez-vous n'a été proposé, a rapporté Christophe Sardin, et "le ministre et son cabinet nous ont demandé d’entrer en négociation avec la direction afin d’obtenir qu’il y ait le moins de licenciements possible", dit-il.
Si les salariés défendent une entreprise "rentable" et "des carnets de commandes pleins", Christophe Sardin affirme que "derrière le projet de suppression d’emplois à Albany il y a une stratégie en lien avec le projet industriel porté par Albany International et Safran qui verra le jour à horizon 2014". Dans un communiqué, la CGT avait signalé vendredi que le groupe américain et son partenaire français Snecma-Safran (dont l’État est actionnaire principal à 30%) venaient d'acquérir un terrain près de Commercy (Meuse) en vue d'un futur site, un achat "aidé par le versement de fonds publics".
Le plan de restructuration ne prévoit que 90 reclassements sur les 200 postes supprimés chez Albany. La CGT s'étonne de l'avancée du projet alors que, selon Christophe Sardin, Anaud Montebourg avait affirmé lors d'une précédente table ronde que l’État "ne financerait pas deux fois, d'une part via un plan de licenciements, d'autre part via la création d'un nouveau site à Commercy". De plus, pour lui, "les dés sont pipés" par la présence au sein du cabinet du ministre d'un conseiller social qui serait "un ancien responsable des ressources humaines de Safran de 2007 à 2012". "Il nous semble non seulement qu’il ne peut pas ignorer les enjeux du projet, ni la stratégie du groupe. Il y a un conflit d’intérêts à ce qu’il intervienne dans l’arbitrage de notre dossier au niveau du ministère", a défendu le syndicaliste.
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