Fréquentations, panier moyen, chiffre d’affaires : tous les voyants sont dans le rouge après les attentats contre Charlie Hebdo.
Les soldes d'hiver pouvaient difficilement plus mal tomber. Lancés mercredi dernier, le jour même de l'attentat contre Charlie Hebdo, ils ne font vraiment pas recette. Certains magasins parlent même de bilan catastrophique, ce que confirment les premiers chiffres publiés.
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Des ventes en chute de 10%. Les grands magasins parisiens ont commencé à faire leurs comptes : les ventes ont reculé de 10% au Printemps Haussmann par rapport à la première semaine des soldes de l'an dernier, et la tendance est identique du côté des Galeries Lafayette. Le président de l'enseigne, Philippe Houzé a déclaré lundi à la revue spécialisée LSA que "depuis les événements, notre fréquentation a subi une baisse à deux chiffres".
Des rayons remplis de vêtements et des clients qui se comptent sur les doigts de la main : le constat est le même dans toutes les grandes villes de France, à l’exception du Grand Ouest qui s’en sort moins mal. Certaines enseignes ont carrément refusé d’indiquer la moindre tendance de cette première semaine.
Les centres commerciaux n’ont pas été épargnés : sur les cinq premiers jours des soldes, la fréquentation a reculé de 12% en Ile-de-France et de 5% en province, selon les chiffres du Conseil national des centres commerciaux (CNCC).
"Ça n’a rien à voir avec l’ambiance des vrais soldes". Même constat dans les petites boutiques de quartier à Paris : les ventes ont été divisées par deux dans certaines d'entre elles. Une vendeuse de vêtements pour femmes rencontrée par Europe 1 affirme même n’avoir réalisé aucune vente entre mercredi et samedi derniers, les clients ayant eu peur de se déplacer ou n’ayant pas le cœur à faire du shopping. Seuls les touristes chinois qui résidaient dans l'hôtel d'en face ont été aperçus avec des sacs remplis d’achats.
"Ça n’a rien à voir avec l’ambiance des vrais soldes, l’ambiance qu’on a pu connaitre. Les gens ne sont pas dans cet élan d’achats. Ce n’est pas festif", témoigne-t-elle. "Dès qu’ils ont attrapé les terroristes, effectivement, on a commencé à retravailler le samedi. Quand je dis retravailler… on a fait 3.000. Si on regarde nos chiffres de l’année dernière, pendant la même période, on est à 20, 25 voire 30.000 euros par jour. Donc là on est loin, très loin des chiffres de l’année dernière", ajoute-t-elle.
Le consommateur a laissé place au citoyen. "Au total, la baisse de fréquentation et des dépenses moyennes aboutit à un chiffre d'affaires du week-end d'ouverture en chute de 8,3% au niveau national", estime Philippe Guilbert, directeur général de l’institut de sondage Toluna qui a interrogé 1.503 personnes le week-end dernier. "Pris dans la tourmente des événements qui endeuillent le pays", les Français se sont comportés "davantage comme des citoyens que comme des consommateurs", analyse-t-il.
Moins de ventes, mais aussi moins de dépenses. En plus d'être moins nombreux, les Français ont également été moins dépensiers ce week-end: 142,46 euros en moyenne, soit 5% de moins que l'an dernier. La fédération des enseignes de l'habillement estime de son côté que le panier moyen a reculé de 4% par rapport à l'an passé.
Les commerçants croisent donc les doigts pour rattraper cette première semaine catastrophique. Pour tenter de limiter la casse, ils ont commencé la deuxième démarque plus tôt que prévu.
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