La fronde. "Non, la relation locataire-propriétaire n’est pas conflictuelle", assure Orpi, dans un communiqué publié lundi. Le premier réseau immobilier de France entre en guerre contre la garantie universelle des loyers (GUL), censée entrer en vigueur début 2016. La GUL, c'est cette assurance publique qui doit accompagner tous les contrats de bail pour protéger les propriétaires des impayés et se substituer à la caution. Selon ses détracteurs, que l'on trouve même jusque dans les rangs du PS, ce projet concocté par le ministre Cécile Duflot est trop cher, non financé…et inutile.
Un sondage comme artillerie. Pour argumenter sa fronde, le réseau immobilier dégaine lundi un sondage réalisé par Ipsos et que s'est procuré Europe1. Selon l'étude, plus de 90% des locataires et des propriétaires estimeraient en effet avoir une relation sereine, rendant ainsi inutile le projet de Cécile Duflot. 76% des propriétaires et 55 % des locataires déclareraient même ne jamais avoir eu de désaccord. Et "leurs désaccords, peu fréquents, ne portent ni sur le montant du loyer ni sur les garanties", martèle Orpi. Selon le sondage, d'ailleurs, 36 % des locataires et 33 % des propriétaires perçoivent la GUL comme un coût supplémentaire. Et moins de 20% la considéreraient comme une véritable garantie.
Rien de prévu pour la financer. Les détracteurs de la GUL mettent également en avant le coût de la mesure. Aujourd'hui le principe de la garantie universelle des loyers impayés est bien inscrit dans la loi, mais rien n'est prévu pour la financer. Au départ il était prévu de faire payer les locataires et les propriétaires, à hauteur de 1% du loyer environ, mais l'idée a finalement été enterrée. Il faut donc trouver au moins 700 millions d'euros pour alimenter ce fonds de substitutions aux loyers impayés, selon les calculs du gouvernement. Et selon les assureurs, cela pourrait même coûter plus d'un milliard d'euros.
Des doutes même au PS. Face à ce flou, la mesure est critiquée jusque dans les rangs socialistes. "Depuis le début, je pense qu'il y a un problème de financement. La GUL telle qu'elle nous a été présentée manque singulièrement de crédibilité", tacle ainsi au micro d'Europe1 le député socialiste Christophe Caresche. "La ministre a voulu un affichage politique. Mais la politique est aussi un art d'exécution. Lorsqu'on a une bonne proposition, il faut prendre le temps d'étudier et de proposer quelque chose qui tienne la route", renchérit ce membre de la Commission des Finances.
Le gouvernement se veut rassurant. Au cabinet de Cécile Duflot, contacté par Europe1, on assure que ce n'est pas absolument pas un problème, et que des aides de l'Etat seront mobilisées. Pour le moment, le gouvernement a trouvé 160 millions d'euros (via le 1% logement). Et pour les 500 à 600 millions d'euros manquants, le débat est renvoyé au projet de loi de finance de 2016.