Marseille était prévenue : ses éboueurs avaient lancé lundi un mouvement de grève pour 24 heures. La collecte des ordures aurait donc dû reprendre dans la nuit de mardi à mercredi mais il en est allé autrement : certains d'entre eux n'ont pas repris le travail à l'issue du préavis, avant que le syndicat FO annonce que le mouvement était reconduit.
Poubelle la vie dans la cité phocéenne . Marseille a de sérieuses lacunes dans son ramassage des ordures depuis des décennies. Une saleté qui ne s’explique pas que par le seul manque de civisme de certains habitants : en 2007, un rapport de la chambre régionale des comptes avait quantifié à 3h30 le temps de travail effectif des éboueurs.
La municipalité veut donc corriger le tir en essayant de mettre fin au système baptisé "fini-parti", en vertu duquel les agents de la propreté pouvaient débrayer dès que leur travail est terminé, et non une fois qu’ils ont fait leurs heures.
Le "fini parti", un dossier explosif. La nouvelle équipe à la tête de la communauté urbaine de Marseille a donc entamé des négociations avec les syndicats, Force Ouvrière (FO) en tête, pour réformer ce système hérité de l’époque Gaston Deferre.
Le président UMP de Marseille Provence Metropole (MPM), Guy Teissier, a élaboré un nouveau contrat local de propreté : tous les agents du service la propreté seraient astreints à un service de 7h30, pause comprise. Refus net de FO, qui propose – selon La Provence - de remplacer le "fini-parti" par le "départ anticipé", ce qui reviendrait sensiblement au même.
Une grève qui devient reconductible. La municipalité n’étant pas encline à revoir sa copie, une partie des éboueurs ont donc décidé de se mettre en grève lundi, à l’appel de FO. Censée durer 24 heures, elle aurait donc dû se terminer dans la nuit de mardi à mercredi. Sauf que mercredi au petit matin, une bonne partie des camions poubelles sont restés à l’arrêt.
La collecte des poubelles n'a pu être effectuée "en raison du refus d'une partie du personnel affecté à la collecte de nuit d'exécuter son travail. La communauté urbaine condamne ce mouvement qui s'inscrit en dehors de tout cadre légal et qui pénalise la population marseillaise", s’est indignée la communauté urbaine. Le syndicat aurait en effet dû déposer un autre préavis pour prolonger son mouvement, ce qui n’a visiblement pas été fait.
Le début d’un sérieux bras de fer ? Marseille Provence Metropole ne s’est pas contentée de déplorer cette non-reprise du travail : chose rare, elle a décidé de hausser le ton. "Il sera fait preuve d'une grande fermeté vis-à-vis des agents concernés. La communauté urbaine n'aura d'autre choix que d'engager immédiatement des procédures disciplinaires si ces agissements devaient se reproduire", affirme MPM, qui va mettre en place "des mesures d'urgence" pour "garantir le service public et limiter les désagréments occasionnés".
Le bras de fer est donc entamé et s’annonce difficile : en trente ans, aucune équipe municipale n’a réussi à réformer le "fini parti". L’été s’annonce chaud, et désormais pestilentiel, dans la cité phocéenne.
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