Pendant six heures, Athènes sera transformée en forteresse. La capitale grecque accueille mardi après-midi la chancelière allemande Angela Merkel pour la première fois depuis le début de la crise de la dette, en 2009. Pour cette rencontre sous haute tension entre le pays le plus endetté d’Europe et son principal bailleur, l’atmosphère dans les rues devrait être électrique : d’un côté, 6500 policiers chargés de boucler le centre-ville, de l’autre des manifestants anti-austérité décidés à se faire entendre.
>> Mise à jour, 12h27 : Angela Merkel est arrivée à l'aéroport d'Athènes. Le Premier ministre conservateur Antonis Samaras attendait la chancelière.
Les syndicats et le parti de gauche Syriza ont en effet appelé à descendre dans la rue mardi après-midi contre "la politique néolibérale de Mme Merkel"."Les travailleurs, retraités et chômeurs ne supportent plus la politique punitive de l'UE qui plonge la société dans la misère et l'économie dans la récession", a commenté la GSEE, la confédération générale des travailleurs grecs.
Les manifestants auront cependant bien du mal à battre le pavé en centre-ville. Aucun rassemblement n’est autorisé près du Parlement, de l’ambassade d’Allemagne, des palais gouvernementaux et de l’aéroport d’Athènes, a prévenu la police. L’accès aux piétons et aux voitures y sera interdit et les écoles resteront fermées. Un hélicoptère survolera même les zones sensibles. Le dispositif ressemble à celui utilisé en 1999 lors de la visite du président américain de l'époque, Bill Clinton, alors critiqué pour les bombardements de l’Otan en Serbie.
Merkel veut saluer « l’effort de réforme » d’Athènes
Pendant ce temps, Angela Merkel rencontrera le premier ministre grec, conservateur comme elle, Antonis Samaras. L’objectif est justement d’apaiser les tensions entre les deux pays et de « soutenir » la coalition au pouvoir, dont l’Allemagne salue "l’effort de réforme", a souligné le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert.
Mais en aucun cas Angela Merkel n’évoquera "ce sur quoi la troïka doit se prononcer", a prévenu le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble. Comprendre : le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide de 31,5 milliards d’euros actuellement au cœur des négociations entre Athènes et ses créanciers (l’Union européenne, le FMI et la Banque centrale européenne). En contrepartie, les Grecs doivent présenter un nouveau plan d’économies de 12 milliards d’euros. Les discussions pourraient prendre encore deux semaines.