L'heure est au branle-bas de combat pour les dirigeants et banquiers centraux des principales économies de la planète, en quête d'une réponse concertée à la menace imminente d'une nouvelle débâcle à la réouverture des marchés financiers lundi. G7, G20, Banque centrale européenne ont multiplié dimanche les contacts et conférences téléphoniques d'urgence sur la crise de la dette en zone euro et le coup de tonnerre de la dégradation de la note des Etats-Unis. Premier indicateur de la température des marchés, la Bourse de Tel Aviv, l'une des rares à être ouvertes le dimanche, a plongé de près de 7% à la clôture.
Les ministres des Finances et dirigeants des pays du G7 (Etats-Unis, Allemagne, Japon, France, Royaume Uni, Italie, Canada) ont, eux aussi, multiplié les contacts téléphoniques ce week-end. Les pays du G20, qui regroupe les principales économies de la planète, ont tenu dimanche matin une téléconférence, a indiqué le vice-ministre sud-coréen des Finances Choi Jong-Ku.
Cette concertation avait été précédée, dans la nuit, d'une téléconférence des ministres des Finances du G7 et de leurs conseillers, entourée du plus grand secret. Une autre, entre ministres des Finances et banquiers centraux du G7, devrait suivre avant la réouverture lundi matin des marchés financiers en Asie, selon des médias japonais, qui évoquent la possibilité d'une déclaration commune destinée à calmer les marchés.
La BCE va réagir de façon "significative et unie"
Le Conseil des gouverneurs de la BCE s'est réuni par vidéoconférence vers 18 heures dimanche. Le Conseil a décidé d'intervenir avec détermination sur les marchés face à la crise de la dette qui secoue la zone euro, a indiqué dimanche une source monétaire de la zone euro. La téléconférence des gouverneurs a étudié avec soin la situation en Italie et en Espagne dont les taux des titres de dette ont bondi à leurs plus hauts niveaux en 14 ans. Le Conseil a aussi pris note du communiqué franco-allemand, a-t-on appris de même source.
Dans un communiqué publié un peu plus tôt dimanche, Paris et Berlin ont en effet pris l'engagement de l'Europe à mettre en oeuvre rapidement la réforme du FESF décidée le 21 juillet, encouragé l'Italie et l'Espagne à agir, et souligné l'importance du rôle de la BCE, à quelques heures de l'ouverture des marchés asiatiques.
Standard and Poor’s a appuyé sur la gâchette
Standard & Poor's (S&P) a retiré vendredi aux Etats-Unis la prestigieuse note "AAA", dont jouissent les émetteurs d'obligations les plus fiables. "Les marchés s'y attendaient déjà largement", a tempéré l'économiste en chef pour l'Europe de S&P, Jean-Michel Six. Pour lui, l'inquiétude des marchés "porte bien plus sur la reprise, sur la vigueur de la reprise économique que sur telle ou telle note en particulier".
Pour le directeur général de S&P, John Chambers, il existe une chance sur trois que la note de la dette souveraine américaine soit abaissée une nouvelle fois au cours des 6 à 24 mois. Il a d'ailleurs déclaré dimanche qu'il "faudra du temps aux Etats-Unis pour qu'ils retrouvent leur triple A".
De nombreux économistes craignent une descente aux enfers des marchés. "Le fait que Standard and Poor's ait finalement appuyé sur la gâchette (...) va sans aucun doute ébranler les marchés financiers à leur ouverture lundi", résume Paul Dales, analyste chez Capital Economics basé aux Etats-Unis.