INTERVIEW E1. "Nous avons la base productive la plus faible des cinq puissances industrielles d'Europe", a déploré jeudi sur Europe1 Arnaud Montebourg. Et le ministre du Redressement productif entend bien redresser la barre. Voitures qui se conduisent toutes seules, dirigeables qui remplacent les poids lourds, de l'électrique sur les routes, les rails et dans les airs... Le ministre imagine une France futuriste, mais dans seulement 10 ans. Il doit présenter dans la journée, à l’Élysée avec François Hollande, 34 plans industriels français, censés créer à cette échéance "475.000 emplois et 45 milliards de valeur ajoutée".
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Des projets comme s'il en pleuvait. Le ministre a commencé son petit détour vers le futur par l'avion électrique d'Airbus. "Il ne consommera aucune goutte de kérosène et permettra à notre avionneur de gagner des parts de marché. C'est une nouvelle frontière industrielle et énergétique". Et dans les airs toujours, Arnaud Montebourg a fait la promotion des très attendus "dirigeables gros porteurs", projet d'Airbus également, commercialisables d'ici 10 ans. "Il n'y a pas de difficultés technologiques de soulever 1.000 tonnes, soit l'équivalent de 50 camions, avec de l'hydrogène, sans polluer, à 120 km/h", a-t-il défendu.
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Au sol aussi, la France sera high-tech. Le ministre a également détaillé le projet de "voiture sans chauffeur", qu'il espère aussi voir le jour d'ici 10 ans, et au sujet duquel il n'est pas moins optimiste. "Nous avons les briques technologiques, avec Valéo et Renault-Nissan. Il s'agit d'en faire un marché dans lequel on peut révolutionner l'usage de la voiture. Au lieu de conduire, on pourra travailler ou téléphoner", raconte-t-il comme s'il s'y imaginait déjà. Côté voiture toujours, Arnaud Montebourg se réjouit de voir bientôt l'électrique se propager sur les routes. L'un des plans présentés jeudi prévoit en effet un partenariat entre Renault et le groupe Bolloré sur la voiture électrique, portant notamment sur l'installation et l'utilisation des bornes de recharge. Enfin, le futur TGV "révolutionnaire" d'Alstom sera, promet le ministre, encore plus "révolutionnaire que les autres. "Il pourra transporter 20% de plus de passagers en consommant 20% d'énergie en moins".
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Un financement "essentiellement" privé. Le ministre l'assure, pour construire le futur, l'Etat n'aura pas besoin de puiser davantage dans une tirelire déjà vide. "Pour tous ces plans industriels, nous mêlons des investissements publics et privés", assure-t-il. "Ce sera financé essentiellement par l'investissement privé. Pour un euro d'argent prêté, nous espérons en recueillir 10 fois plus. Et nous espérons 475.000 emplois recréés avec 45 milliards de valeur ajoutée créée en plus sur le sol Français", défend-il. Autant dire que le futur, il a hâte d'y être.