Chargé du Redressement productif, le ministre Arnaud Montebourg a dévoilé mercredi ses premières pistes de travail pour protéger et redynamiser l’industrie française. Et il y a urgence : "le tissu productif a été très abîmé: 900 usines ont fermé en trois ans, nous sommes, sur 10 ans, à 750.000 emplois industriels détruits", a rappelé le ministre, avant de promettre un plan de reconquête industrielle "dans les semaines à venir".
En attendant cette annonce d’envergure, probablement à l’issue de la conférence sociale prévue les 9 et 10 juillet, Arnaud Montebourg a dévoilé une première série de pistes pour limiter les effets de la crise. Lutte contre les plans sociaux boursiers, guichet local pour les PME et soutien au secteur automobile sont au menu.
Mieux encadrer les plans sociaux. L’annonce d’un plan social n’est jamais une bonne nouvelle mais elle devient très polémique lorsque l’entreprise en question est rentable. Le ministre du Redressement productif souhaite donc "limiter les plans sociaux abusifs".
"C'est un choix collectif de limiter la gourmandise de la finance par rapport à un appareil industriel viable, rentable et pérenne", a martelé le ministre, précisant qu'il ne s'agirait pas de limiter "les plans sociaux liés à des entreprises défaillantes" mais ceux qui relèvent "de l'abus du droit de la finance de disposer de l'industrie et des outils industriels". Une nouvelle règle sera présentée et discutée lors de la conférence sociale des 9 et 10 juillet.
Installer des relais dans chaque région. Actuellement, les entreprise menacées de faillite peuvent joindre le Comité interministériel de restructuration industrielle, une structure qui tente de trouver une solution avant d'en arriver aux tribunaux. Problème : ce comité ne s’occupe que des entreprises de plus de 400 personnes.
Arnaud Montebourg a donc annoncé la création de relais locaux spécialement dédiés aux PME, dont les effectifs sont compris entre 20 et 249 employés. "Chaque région disposera d'un interlocuteur, d'un outil de veille, d'une vigie, d'un médiateur, d'un négociateur", a-t-il annoncé.
Répondre à l’appel à l’aide du secteur auto. Le numéro deux de Renault, Carlos Tavares, a demandé mardi aux pouvoirs publics des mesures d'aide pour soutenir les ventes de voitures en France et en Europe, comme ils l'avaient fait à partir de 2008-2009. Outre le maintien de la prime à la caisse, le gouvernement avait alors prêté aux constructeurs six milliards d'euros à des taux préférentiels.
"Le secteur automobile fait l'objet aujourd'hui d'une instruction particulière au ministère", a répondu Arnaud Montebourg, tout en se gardant bien d’ajouter la moindre précision. Un coup de pouce de l’Etat coûterait en effet très cher et ce secteur a déjà bénéficié d’un vaste plan de soutien. "Si vous avez un contexte de chute de la demande d'automobiles, il est extrêmement difficile pour un Etat d'aller contre le vent négatif du marché", a-t-il prévenu.