"Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France". Les mots sont lâchés et le ton est sans ambiguïté : le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg est plus que remonté envers le groupe sidérurgique ArcelorMittal.
Sa faute ? Avoir racheté le groupe Arcelor pour ensuite réduire ses activités et fermer des usines tout en empêchant l’Etat de trouver des repreneurs. Résultat, le ministre en charge de l’Industrie ne veut plus d’ArcelorMittal en France et envisage même de nationaliser le site de Florange pour pouvoir le relancer.
"Le problème, (...) c'est Mittal"
"Les mensonges de Mittal depuis 2006 sont accablants", ajoute-t-il dans un entretien au vitriol accordé au quotidien économique Les Echos daté de lundi. Et Arnaud Montebourg de souligner qu'il "n'a jamais tenu ses engagements" vis-à-vis de l'Etat français. "Le problème des hauts fourneaux de Florange, ce n'est pas les hauts fourneaux de Florange, c'est Mittal", avait-il résumé quelques jours auparavant devant le Sénat.
Après avoir tenté de collaborer avec ArcelorMittal, le gouvernement entame donc un bras de fer pour sauver le site de Florange, allant jusqu’à envisager "une nationalisation transitoire" du site sidérurgique. "L'idée serait une association avec un opérateur industriel, minoritaire dans le capital le temps de stabiliser l'activité", précise Les Echos.
A peine la menace d’une nationalisation évoquée, le groupe de Lakshmi Mittal n’a pas hésité à faire du chantage à l’emploi : la vente (forcée) de tout le site de Florange "mettrait en péril la viabilité du reste des activités d'ArcelorMittal en France, où le groupe emploie 20.000 salariés".
>> A LIRE AUSSI : A quoi joue Arnaud Montebourg ?
Quelques heures plus tard, le ministre ne disait rien de moins : "quand j'ai déclaré 'nous ne voulons plus de Mittal en France', j'ai voulu dire que nous ne voulons plus des méthodes de Mittal en France, des méthodes qui relèvent du non-respect des engagements, du chantage et des menaces".
ArcelorMittal, une histoire troublée en France
Menace de nationalisation contre chantage à l’emploi : la bataille de la sidérurgie française ne fait que commencer alors que tout avait pourtant bien commencé. Lorsque que le groupe indien Mittal s’empare du sidérurgiste européen Arcelor en 2006, le nouveau propriétaire promet des investissements pour consolider les sites et suscite l’enthousiasme.
Mais depuis, les revers s’accumulent : le site de Gandrange est fermé en 2009 malgré les promesses du candidat Sarkozy, la production d’acier est volontairement limitée pour faire monter les prix remontent et le site de Florange est désormais sur la sellette. ArcelorMittal n’aurait donc "jamais tenu ses engagements" vis-à-vis de l'Etat français et Arnaud Montebourg compte bien le lui faire savoir.