L'INFO. Le psychodrame à la CFDT autour du cas Mory-Ducros s'est soldé par un duel au couteau. Le responsable de la filière transport de la CFDT a finalement signé l'accord de reprise de l'entreprise avec Arcole, ignorant son délégué au sein de l'entreprise, qui s'y refusait. Pour cela, la fédération a retiré son mandat à ce dernier. La signature de la CFDT permet ainsi à l'accord de reprise d'être étudié par le tribunal de commerce de Pontoise dans le Val-d'Oise qui donnera son avis jeudi. Plus de 2.200 emplois devraient ainsi être sauvegardés.
Une question de majorité. L'accord de reprise de Mory-Ducros par son propre propriétaire, Arcole Industries, avait jusque là été signé par trois syndicats d'employés. Cela ne permettait néanmoins pas à une majorité de se dégager, la CFDT et la CGT représentant chacun plus d'un tiers des voix. La CGT, qui ne signe aucun accord, avait rapidement expliqué qu'elle n'en ferait pas plus cette fois-ci. La décision tenait donc à la signature du représentant de la CFDT.
Ce dernier, Rudy Parent, mis sous pression par sa base militante, refusait catégoriquement de signer. Juste avant la négociation de la dernière chance, mardi au tribunal de commerce, le syndicaliste avait d'ailleurs répété qu'il ne signerait pas. Il a finalement été destitué par la direction nationale de son syndicat. Un désaveu de la part de sa hiérarchie politique qui l'a d'ailleurs mis hors de lui, puisqu'il est parti furieux de la table des négociations.
Des milliers d'emplois en jeu. Le fait est que sans la signature de la CFDT, c'était la totalité des employés de l'entreprise, environ 5.000 personnes, qui prenait la porte. Désormais, même si les conditions de départ de plus de la moitié des salariés ne sont pas idéales, environ 2.210 postes seront préservés.
"Nous sommes en train d'aboutir a une reprise de Mory Ducros", s'est félicité le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg devant la presse à Paris. "Nous sommes en train d'aboutir à la reprise de 2.210 salariés, mais c'est mieux que si c'était zéro (...) et c'est quand même une victoire", a-t-il ajouté.
Licenciés mais aidés. Il a néanmoins estimé qu'il s'agissait d'un accord "difficile car vous avez quand même 2.850 salariés qui perdent leur travail, ce sont des salariés qu'il va falloir soutenir, épauler". A ce titre, le ministre a indiqué que ces salariés allaient bénéficier du contrat de sécurisation professionnelle, qui va assurer 97% de leur salaire pendant un an, d'accords de formation cofinancés par la profession du transport et d'une bourse à l'emploi.
Selon son cabinet, la profession s'est engagée à reprendre un millier de salariés sur ces 2.850, dont 500 par La Poste et la RATP, mais rien n'est signé, a-t-il souligné.
Accord tranché jeudi. Le remplacement du délégué au dernier moment pourrait cela dit faire l'objet d'un recours juridique. Des syndicalistes s'interrogeaient sur la validité de la signature de la CFDT pour constituer un accord majoritaire. Ce sera à la justice de décider jeudi si l'accord est viable ou pas.
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