L'INFO. François Hollande est peut-être face au plus gros plan social de son quinquennat. Mory Ducros, qui emploie 5.500 personnes, a annoncé vendredi être en dépôt de bilan, à l’occasion d’un comité d’entreprise extraordinaire. L'entreprise de transports de messagerie (notamment de colis) "vient d'annoncer sa cessation de paiement et mise sous protection avec demande de redressement", a ainsi indiqué Fabian Tosolini, secrétaire national de la Fédération des transports de la CFDT, premier syndicat du groupe. La direction, qui espère trouver un repreneur, considère toutefois "vraiment prématuré d'évoquer un nombre de suppressions d'emplois".
Un plan social historique ? La CFDT affirme, elle, d'ores et déjà travailler "à un contre-plan pour sauvegarder le maximum d'emplois et éviter la liquidation judiciaire". Mercredi, la CFDT avait affirmé craindre un "plan de restructuration considérable", de l'ordre de "2.000 à 3.000 suppressions d'emplois", évoquant également le risque d'une "liquidation" de l'entreprise, "le pire scénario". "Au-delà des 5.000 salariés, il y a 2.000 sous-traitants. C'est un cataclysme", a également renchéri vendredi Jean-Claude Hacquard, délégué central CGT. Si ces sombres prévisions se confirmaient, on se dirigeraient vers le plus gros plan social français depuis la fermeture de Moulinex en 2001, qui avait concerné 5 500 personnes, dont 3 300 étaient restées sur le carreau.
Environ 5 millions de pertes par mois. Le groupe est né de la fusion de Mory et Ducros l'an dernier. Il a formé un réseau de 85 agences (dont certaines faisaient doublon) et essuie de plein fouet la crise. "Compte tenu de la situation économique, les entreprises réduisent leur activité et ont moins recourt aux services de transport", explique en effet l'Insee dans une note portant sur l'année 2012. Le groupe perdait ainsi près de 5 millions d'euros par mois et a perdu 80 millions au total. Mory avait lui-même été placé partiellement en redressement judiciaire en 201, et son activité de messagerie reprise par la société Arcole Industries.
Mais pour la CFDT, la situation s'explique certes par "l'effondrement du fret" en général mais aussi "l'absence de volonté de l'actionnaire principal de développement de l'entreprise". "Ils ont racheté deux entreprises en difficulté sans avoir la capacité d'en tenir les rênes", estimait également M. Brancourt (CGT) en incriminant "des erreurs de gestion".
L’Etat à la rescousse ? Mory Ducros, né de la fusion l'an dernier de Mory et de Ducros, fait partie des entreprises éligibles aux prêts d'urgence du "plan de résistance" économique annoncé par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg il y a une semaine. Jean-Marc Ayrault a également assuré vendredi de la pleine mobilisation du gouvernement. "Tout va être mobilisé, tout va être étudié", a le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier. "Il y a des manifestations d'intérêt, mais pas de proposition exprimée", a, pour le moment, fait savoir Arnaud Montebourg.
Bretagne : 1.000 emplois menacés chez Tilly-Sabco
Alcatel supprime 1.430 emplois en France
La Redoute va supprimer près de 700 emplois