"My government is pro-business!". Comprendre, "mon gouvernement est pour le commerce". La phrase a été lancée, en anglais dans un discours en français, par Manuel Valls, lundi à la City de Londres. Lors d'une visite au cœur de la Finance britannique, le Premier ministre français a réitéré en anglais son crédo pro-entreprise déjà professé en français et en allemand.
Valls à la City, "presque une révolution". "Un Premier ministre français à la City, c'est presque un évènement. Un Premier ministre, français et socialiste à la City, c'est presque une révolution", a commencé Manuel Valls, devant un public de financiers et de chefs d'entreprise londoniens. "Il y a un cliché tenace qui voudrait que la gauche soit fâchée avec l'entreprise. J'estime que mon rôle dans les fonctions qui sont les miennes, c'est au contraire d'aller devant les acteurs économiques, ceux qui créent les richesses", a-t-il renchéri, poursuivant son opération séduction envers le monde de l'entreprise.
"J'aime l'entreprise". Il y a deux semaines, à Berlin, devant le patronat allemand, le chef du gouvernement français avait en effet été vivement applaudi après avoir clamé, dans la langue de Goethe : "Ich mag die Unternehmen", "j'aime les entreprises". Une déclaration qui faisait suite à celle prononcée en août, devant le patronat français, lors de l'université d'été du Medef, marqué par un très commenté "j'aime l'entreprise".
Le "french bashing" toujours présent. Mais si les patrons français et allemands avaient été séduits par la prestation de Manuel Valls, le Premier ministre n'est pas venu à la City en terre conquise. "Le 'Vallenzi' est encore ouvert à la critique car, pour le moment, en matière de réformes, il s'agit de paroles et non pas d'actes", tacle ainsi l'hebdomadaire britannique The Economist, dans son dernier numéro, faisant référence au dirigeant français et au président du Conseil italien, Matteo Renzi.
I ciekawe o "Vallenzi". pic.twitter.com/Gm4mZfM1kz— K. Hytrek-Prosiecka (@hytrekprosiecka) 2 Octobre 2014
Le "France bashing" reste en effet vigoureux de l'autre côté de la Manche. Le directeur de la chaîne britannique de grands magasins à succès John Lewis, Andy Street, a ainsi jugé la semaine passée que la France était un pays "finie" où "rien ne marche", avant de s'excuser.
Le budget 2015 fait tiquer. "Il y a une volonté très claire du Premier ministre de faire un travail de conviction de tous nos partenaires européens de ce qui se passe actuellement en France. On est assez lucides, on voit la presse européenne, le regard porté sur nous. Il y a une phase d'interrogation sur ce qui se passe en France. D'où la nécessité de faire ce travail d'explication et de conviction", résume une source diplomatique française.
Mais malgré les talents d'orateurs du Premier ministre, il sera difficile de convaincre les différents acteurs économiques européen. Le budget 2015, présenté par la France la semaine dernière, repousse à 2017 les objectifs de réduction de déficit européen. Et l'Union européenne pourrait le recaler prochainement. Pas de quoi rassurer les investisseurs européens, qu'ils soient de Londres ou de Berlin.