Une loi. Certains l'appellent "loi Florange". La proposition de loi socialiste sur la reprise des sites rentables va être déposée mardi à l'Assemblée et devrait être votée dès cet été. Le principe ? Inciter une entreprise à revendre un site rentable, si un repreneur se manifeste, en la menaçant d'une sanction pécuniaire pouvant aller jusqu'à 30.000 euros par salarié susceptible d'être laissé sur le carreau. Mais si la mesure est attendue par beaucoup de syndicats en France, les salariés de Florange, eux, la regardent avec amertume. Et le surnom donné à la loi n'est pas vraiment de leur goût...
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Pourquoi dit-on "loi Florange?" Le 24 février 2012, perché sur une camionnette syndicale, le candidat socialiste François Hollande, en visite surprise à Florange, promettait aux salariés une loi pour les sauver. "Quand une grande firme ne veut plus d'une unité de production, mais ne veut pas non plus la céder, nous en ferons obligation", lançait-il alors aux métallos. Et de poursuivre : "je viens devant vous prendre des engagements. Je ne veux pas me retrouver dans la situation d'être élu un jour sur une promesse et ensuite de ne pas revenir parce qu'elle n'aurait pas été tenue".
Un surnom contesté. "Quel cinéma. Cette loi, dite 'Florange', si elle est votée, si elle est appliquée, parce que il y a plein de 'si', serait un véritable pied de nez pour nous, parce qu'elle ne s'appliquerait pas à Florange", regrette aujourd'hui Lionel Burriello, secrétaire de la CGT du site d’ArcelorMittal de Florange, au micro de France Info. "J'ose espérer qu'elle ne s'appelle pas 'loi Florange'", renchérit le syndicaliste.
Pourquoi la loi n'est-elle pas applicable à Florange ? ArcelorMittal a certes cessé toute activité sur les hauts fourneaux de l'aciérie, et il a stoppé leur alimentation en gaz. Selon les syndicats, ils ne pourront même jamais se rallumer, car ils ne pourraient pas supporter un arrêt si brutal de l'alimentation. Pour autant, le sidérurgiste n'a pas officiellement fermé le site. Il s'est même engagé à le transformer, à terme, en une usine vitrine de production d'acier écolo, rejetant peu de CO2. Or, la dite "loi Florange" ne s'applique qu'aux sites fermés par leur propriétaire. De plus, même si certains noms ont circulé, aucun repreneur ne s'est officiellement manifesté pour Florange. Or il s'agit, là encore, de la condition pour que la loi s'applique. "Ça a été une erreur d'entretenir de la sorte l'espoir des métallos. On n'a fait que décevoir les gens", tranche en guise de conclusion un ancien haut fonctionnaire de Lorraine, cité par l'Expansion.