La décision. Coup dur pour Continentale Nutrition. Le tribunal de commerce d'Agen a placé lundi en redressement judiciaire cette filiale de Continentale Nutrition, numéro un français de l'alimentation pour chiens et chats, située à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), ce qui pourrait remettre en question un plan de reprise globale du groupe par la société d'investissements Alandia.
L'entreprise a essuyé des pertes de 58 millions d'euros au total de 2010 à 2012 et son endettement se monterait à 95 millions d'euros, selon une source proche du dossier. Mais la filiale de Villeneuve pourrait être finalement la seule à être reprise. La décision "ouvre le spectre des possibilités, y compris la cession de Villeneuve Pet Food seule à des repreneurs", a en tout cas déclaré le directeur de la filiale, Sébastien Plasteig.
Trois repreneurs en lice. Cette décision a été rendue moins d'une semaine après l'annonce par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg d'un accord concernant le financement d'un plan de reprise global, portant sur le site de Continentale Nutrition à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), employant 511 personnes, et celui de Villeneuve Pet Food dans le Lot-et-Garonne, qui emploie 154 salariés. Ce plan de reprise a été présenté par la société d'investissements Alandia.
Le tribunal ne s'est donc pas prononcé lundi sur cette offre globale, choisissant plutôt de placer l'entreprise en redressement judiciaire, alors que deux sociétés restent aussi en lice pour la reprise du seul site de Villeneuve, le groupe irlandais Cats and Dogs Foods et l'allemand Deuerer.
"Hourras". La décision du tribunal d'Agen a été accueillie par les applaudissements et les "hourras" de plusieurs dizaines de salariés de Villeneuve Pet Food. Les employés de cette filiale sont persuadés que le projet d'Alandia ne préservera pas l'emploi localement. "C'est une merveilleuse nouvelle, nous avons gagné notre combat", a réagi Caroline Maurissot, déléguée syndicale CFDT de Villeneuve Pet Food, estimant que le tribunal n'avait pas "cédé aux pressions gouvernementales".
"Alandia a voulu manipuler les salariés et le tribunal et aujourd'hui les masques sont tombés. Si Alandia s'intéresse vraiment à la filière (...), ils ont de quoi faire à Boulogne, il faut restructurer cette entreprise mais il faut le faire sérieusement. Il peuvent très bien le faire sans Villeneuve Pet Food. Le plan Alandia tel qu'il nous a été présenté et un plan qui n'est pas viable et qui va tous nous amener à la faillite", a renchérit le directeur du site de Villeneuve. Selon lui, la société avait un plan "sans financement" qui ne reposait pas sur la réalité.
Le plan de continuation d'activité d'Alandia pour redresser Continentale suppose l'apport de 22 à 23 millions d'euros et prévoyait un plan de sauvegarde de l'emploi passant par la suppression de 140 à 180 postes à Boulogne.
"Stupéfaction" à Boulogne. A Boulogne pendant ce temps, le secrétaire local de la CFDT Dominique Paquentin s'est dit "un peu stupéfait", confirmant que la décision pouvait "remettre en question l'offre du groupe Alandia".
Jean-Luc Mercier, l'administrateur judiciaire nommé à Boulogne s'est montré plus nuancé, soulignant que le tribunal de commerce d'Agen avait, dans sa décision, souhaité un redressement "par voie de continuation". Cela veut dire, que Continentale Nutrition, qui détient 100% du capital de VPF, va "retravailler le dossier (...) avec la possibilité de préserver dans le groupe les unités de Boulogne et l'unité de Villeneuve-sur-Lot", dans le cadre d'un "plan de redressement pour l'ensemble du groupe", a-t-il dit.