INTERVIEW E1 - "Aujourd’hui, le potentiel de croissance de l’économie française est très probablement de moins de 1%. Cela veut dire qu’il n’y a pas de plan B, pas de voie dans l’accumulation des déficits. Il ne suffit pas de relancer la dépense pour faire remonter la croissance, cela ne marcherait pas", a martelé Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, jeudi matin sur Europe 1. Et ce dernier de rétorquer, en réponse aux partisan d'un plan de relance : "Non, quand on a 4 à 5% de déficits, ce n’est pas l’austérité".
A l'origine, la France était censée faire repasser ses déficits sous la barre des 3% du Produit intérieur brut (PIB) en 2013. Mais, crise oblige, le gouvernement avait obtenu un nouveau délai de Bruxelles, avec pour objectif de respecter le seuil des 3% de déficits en 2015. Sauf que le gouvernement vient à nouveau de corriger ses prévisions : finalement, le seuil instauré par les traités européens devrait être respecté en 2017.En effet, après une année 2013 à 4,2% de déficits publics, la France devrait atteindre les 4,4% fin 2014. Et table désormais sur 4,2% pour 2015.
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"Il faut couper hardiment dans les dépenses". "Il n’y a pas d’alternative à la politique de réformes pour relancer le potentiel de croissance et aux grandes mesures qui ont été annoncées", a-t-il poursuivi. Mais quelles réformes faudrait-il mener ? "Pas d’augmentation d’impôts, par contre il faut couper hardiment dans les dépenses, on y va beaucoup trop timidement. Il faut faire les réformes telles que la baisse des charges sociales, le pacte qui permet de réduire les coûts des entreprises parce que c’est cela qui permettra de relancer l’emploi", analyse-t-il.
Et si le gouvernement est en manque d'inspiration, Christian Noyer a un conseil : "la Cour des comptes a écrit des volumes entiers pour expliquer quelles dépenses on pourrait couper et qui bénéficieraient à l’activité. Il y a tout ce qu’il faut dans les livres qu’elle a écrit".
Pour appuyer son propos, Christian Noyer a invoqué l'exemple de plusieurs pays voisins. "Quand on regarde des pays qui ont fait des réformes, regardons l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, qui ont traversé des moments très difficiles, qui ont fait des réformes très fortes sur le marché du travail, sur le marché des biens et services. Maintenant ces pays ont retrouvé la croissance donc il y a un dividende de la bonne réforme", a-t-il estimé.