Qu'ont en commun Ségolène Royal, Dominique Voynet et Corinne Lepage? Toutes trois ont été ministre de l'Environnement. Et elles réclament de nouvelles études sur les OGM, dans une tribune publiée lundi par 20 Minutes, dont les arguments ressemblent fortement à ceux du contesté Pr. Séralini.
"Nous nous réjouissons de la volonté exprimée par le gouvernement de remettre à plat les systèmes d'évaluation des OGM et des pesticides et d'exiger des tests de toxicité à long terme", démarrent-elles. Et de considérer qu'il est "indispensable que soient rendues publiques toutes les études existantes sur l'impact des OGM sur la santé pour qu'un véritable débat scientifique puisse s'ouvrir".
"Une lecture critique indispensable"
Les ex-ministres réclament surtout que les études ayant autorisé la commercialisation de certains produits OGM dans le passé soient soumises au même traitement critique que l'étude du Pr Séralini. Cette dernière prétend démontrer que les OGM sont extrêmement nocifs pour la santé. Mais elle a été jugée peu crédible par de nombreuses contre-expertises d'agences officielles, françaises, allemande ou encore européenne.
>> LIRE AUSSI : double charge contre l'étude choc
"Nous demandons que soient revues, comme le permettent les textes communautaires et nationaux, les études qui ont permis l'autorisation de mise sur le marché du NK603 et du Round Up", écrivent les anciennes ministres. "Il nous apparaît indispensable que la lecture critique qui a été faite des résultats de l'étude Séralini soit appliquée à ces études, pour s'assurer de leur fiabilité dans la mesure où elles reposent sur un nombre de rats par groupe comparable", insistent-elles.
Pour une expertise indépendante
Ségolène Royal, Dominique Voynet et Corinne Lepage rejoignent ainsi les réclamations du Pr Seralini lui-même. Ce dernier, en effet, ne nie pas les insuffisances de sa propre étude. Mais il soutient que ces mêmes critiques valent pour les études qui ont permis la mise sur le marché de certains produits OGM. "En 2003, les mêmes comités qui invalident aujourd'hui mon étude ont accepté la mise sur le marché du maïs NK603 à partir de tests réalisés sur une durée huit fois inférieure à celle de notre étude, sur la même souche de rats et sur des groupes d'animaux analysés n'excédant pas dix individus (comme dans notre étude)", a encore écrit le scientifique vendredi, dans une tribune au Monde.
Tout comme le professeur, les ex-ministres réclament donc une analyse menée "par des experts choisis pour leur absence de conflits d'intérêts et qui n'auraient pas eu précédemment à se prononcer sur l'un ou l'autre de ces produits." Et de conclure : "nous tenons à rappeler notre attachement au principe de précaution qui doit l'emporter sur la présomption de non-toxicité de ces produits".