En 2010, Nicolas Sarkozy s’était contenté d’une visite express dans les allées du Salon de l’agriculture, une semaine après son ouverture, provoquant la colère du monde agricole. Qu’en sera-t-il en 2011 ? Soucieux de reconquérir un électorat traditionnellement marqué à droite, le chef de l’Etat semble vouloir "se rattraper" et sera, cette année, présent, pour l’inauguration officielle de la 48e édition, samedi. Quel accueil les agriculteurs vont-ils lui réserver ? Quels messages veulent-ils faire passer au président ? Europe1.fr fait le point.
Des disparités dans la profession
Après une année 2010 difficile pour tous les secteurs, "l’année 2011 est très contrastée", décrit Jean-Luc Poulain, l’un des vice-présidents de la FNSEA, premier syndicat agricole de France. Au rayon "bonnes nouvelles", les productions végétales en grandes cultures se portent bien, voire très bien, grâce à l’envolée des prix des céréales sur les cours mondiaux. Mais, dans le même temps, cette flambée fait le malheur des éleveurs, touchés de plein fouet par la hausse brutale des matières premières, dont les prix de l’alimentation animale. Des coûts de production qui flambent, des prix de ventes qui stagnent, voire qui baissent, des revenus qui chutent. Voilà le quotidien décrit par les éleveurs.
Moins de spéculation, plus de régulation
Pour les syndicats agricoles, la priorité des priorités est d’augmenter le prix de vente de la viande porcine et de la volaille. Ils attendent également des mesures concrètes pour lutter contre la spéculation. "Cela passe par une politique des prix stable et par une politique de maîtrise de la production mondiale", explique André Bouche, secrétaire national de la Confédération paysanne.
Pour tenter de résoudre cette équation, le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, avait appelé en janvier à la mise en place de contrats inter-filières entre céréaliers et éleveurs d’ici le second semestre 2011, destinés à se protéger contre les fluctuations du marché. Une proposition sur laquelle le chef de l’Etat devrait être interpellé, samedi, au Salon. Nicolas Sarkozy est aussi attendu sur sa présidence du G20. "On attend des signes forts et des mesures concrètes pour une régulation mondiale au niveau de l’agriculture", explique Bernard Lannes, président de la Coordination rurale.
Alors, à quel accueil doit s’attendre le chef de l’Etat ? Glacial, chaleureux, indifférent ? Sur la question, les avis divergent. "Il ne va pas être porté par une liesse populaire", pronostique un agriculteur, en aparté. "Il va être reçu par des éleveurs en colère", renchérit un autre. "Le Salon de l’agriculture est un lieu de revendications mais pas de manifestations", temporise un troisième producteur. Réponse samedi, dans les allées du Parc des Expositions, à Paris.