L’INFO. Le ministère de la Santé avait engagé début mars une concertation avec différents acteurs du secteur et on en sait désormais un peu plus. Le gouvernement prévoit de limiter par décret la prise en charge des lunettes par les mutuelles à 450 euros à partir de 2015 selon les Echos. L’abaissement progressif à 300 euros évoqué initialement pour 2018 ne devrait néanmoins pas être appliqué.
La pression des fabricants. Il faut dire que le gouvernement s'est rapidement retrouvé face à une fronde de toute l'industrie du verre en France. Des opticiens aux fabricants de lunettes et de montures, tout le monde s'est élevé contre le projet de plafonnement des remboursements.
Hubert Sagnières, le patron d'Essilor, leader dans la fabrication de verres optiques, a notamment fait pression sur Arnaud Montebourg en lui rappelant que son activité fait tourner onze usines rien qu'en France. Le gouvernement semble donc avoir reculé devant la pression, malgré l'urgence à réguler un marché qui ne profite pas aux consommateurs.
Ce qui coince. Le problème dans cette histoire, c’est que les clients sont à la recherche de mutuelles qui remboursent bien les paires de lunettes. Les contrats qui promettent de payer pour les verres jusqu’à une certaine limite sont ainsi très prisés. Si bien que les opticiens demandent aux clients quelle est leur mutuelle et appliquent ensuite un prix qui dépend du plafond de remboursement.
Les mutuelles, qui se voient ainsi obligées de rembourser constamment des sommes très fortes, sont donc obligées d’augmenter le prix de leurs contrats, au détriment du consommateur. C’est pour mettre fin à ce marche “opaque”, selon les mots de Marisol Touraine, que le projet de fixer une limite stricte au remboursement des lunettes a émergé en 2013.
L’objectif : faire baisser les prix. Du côté du gouvernement, on cherche donc à faire baisser les prix du marché. Il faut dire que les lunettes françaises sont parmi les plus chères d’Europe. Selon une enquête d’UFC Que Choisir réalisée en avril 2013, la marge d’un opticien sur une paire de lunette se situe généralement aux alentours de 230% pour une paire en moyenne à 470 euros.
Quasiment tous les contrats concernés. Les montants maximum devraient s'appliquer aux seuls contrats "responsables" des complémentaires. Instaurés en 2004, ces contrats doivent remplir un certain nombre de critères éthiques en échange d'une fiscalité allégée. Mais ils représentent désormais la quasi-totalité des contrats (90%) car les critères sont peu sélectifs. Jeudi soir, le gouvernement a souligné que la concertation était "toujours en cours" et que les arbitrages n'étaient "pas encore pris".
Les dépassements d’honoraires limités. Par ailleurs, selon Les Echos, le remboursement des dépassements tarifaires des médecins par les complémentaires santé sera limité. Après une période transitoire de deux ans, les honoraires ne pourraient être pris en charge que dans la limite de deux fois le "tarif sécu", soit deux fois 28 euros, pour les médecins n'ayant pas signé le contrat d'accès aux soins, écrit le journal.
Etienne Caniard, le président de la Mutualité française, qui regroupe la quasi-totalité des mutuelles, avait dit souhaiter début mars que les dépassements d'honoraires remboursables par les complémentaires soient limités à 50% du tarif Sécu, soit 42 euros pour une consultation chez un spécialiste, normalement à 28 euros.
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