L'annonce était attendue et redoutée. Le groupe PSA Peugeot Citroën va cesser sa production de véhicules à l'usine d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, en 2014. Plus de 3.000 personnes travaillent sur ce site, où le groupe entend malgré tout maintenir "la vocation industrielle". En tout, PSA va supprimer 8.000 emplois en France, dont 6.500 départs nets. Avec celui d'Aulnay, le site de Rennes est l'un des plus touchés, avec 1.400 emplois concernés sur un total de 5.600 salariés.
Jean-Marc Ayrault a demandé, "sans délai", la tenue d'une "concertation" avec la direction de PSA. Le but : maintenir "une activité industrielle sur tous les sites français".
"Un choc" à Rennes
Pour Aulnay, PSA va recentrer la production de sa citadine Citroën C3 à Poissy, dans les Yvelines, et entend proposer des postes à 1.500 salariés en interne. 1.500 autres salariés devraient se voir proposer des postes dans le bassin d'emploi, "grâce aux actions de reclassement externe". "Personne ne sera laissé au bord du chemin", a promis Philippe Varin, le président du directoire de PSA, se disant "conscient de nos responsabilités au cœur du tissu industriel français". Il a en coutre rejeté l'idée d'un prêt ou d'une entrée de l'Etat au capital du groupe.
A Rennes, le chiffre de 1.400 emplois est tombé comme un couperet. "C'est énorme, c'est encore un choc", a réagi au micro d'Europe 1 Nadine Cormier, de FO, se demandant quelles seront les catégories professionnelles qui seront touchées. "Je pense que les salariés, quand ils vont partir de l'usine ce midi, vont en avoir gros sur la patate". Le directeur industriel du groupe, Denis Martin, a promis qu'un nouveau véhicule serait produit à Rennes en 2016.
Le premier groupe automobile français entend également supprimer 3.600 emplois de structure, dans l'administration, la recherche et développement et le commerce, par départs volontaires.
Les syndicats veulent riposter
"Je mesure pleinement la gravité des annonces faites aujourd'hui ainsi que le choc et l'émotion qu'elles provoquent dans l'entreprise et dans son environnement", indique Philippe Varin, pour qui "l'ampleur et le caractère durable de la crise qui affecte notre activité en Europe rendent désormais indispensable ce projet de réorganisation". Le groupe a d'ores et déjà prévenu qu'il accuserait au premier semestre une perte opérationnelle courante d'environ 700 millions d'euros dans la branche automobile.
Pour les salariés, l'annonce de l'arrêt de la production à Aulnay est loin d'être une surprise. La CGT estime qu'il s'agit d'une véritable "déclaration de guerre" et les syndicats entendent bien riposter. Ils en appellent à la direction de PSA, mais aussi à Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, l'exhortant à interdire la fermeture d'Aulnay.
"Séisme" pour Bernard Thibault
Pour le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, l'annonce de cette suppression constitue un véritable "séisme". "Je rappelle qu'il y a un an, nos représentants avaient déjà donné cette information. Sans doute que le contexte électoral ne se prêtait pas à la confirmation de ce séisme", a-t-il déclaré.
Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, a de son côté annoncé sur Europe 1 qu'une étude allait être mené pendant les quinze prochains jours sur la situation de PSA, rappelant que le groupe avait perçu quatre milliards d'euros d'aides publiques ces dernières années. "On ne peut pas accepter quelque chose comme ça", a-t-elle lancé, ajoutant : "l'Etat n'est pas actionnaire, mais doit jouer pleinement son rôle. Il ne peut pas être défaillant comme il l'a été dans le passé".