Après avoir tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, les salariés du groupe automobile PSA sont revenus à la charge auprès du ministre du Redressement productif, rejoints par plusieurs élus de Seine Saint-Denis : tous craignent la fermeture prochaine de l’usine Peugeot Citroën d’Aulnay-sous-Bois, principal employeur du département. Arnaud Montebourg rencontre mardi la direction du groupe et doit lui demander d’afficher ses intentions.
Longue incertitude pour PSA Aulnay
Place forte de l’industrie automobile depuis les années 1970, le site d’Aulnay-Sous-Bois est depuis une dizaine d’années dans l’expectative : la fabrication des nouveaux modèles Peugeot et Citroën est progressivement attribuée à d’autres sites de production.
Les 3.300 salariés du site en sont convaincus : la direction veut réduire la voilure progressivement pour ensuite fermer le site. En juin 2011, le syndicat CGT dévoilait même un document interne prévoyant une fermeture définitive en 2014. Si la direction a démenti l’information, elle a toujours refusé de s’engager par écrit sur l’avenir du site.
Dernier indice en date, alors que Renault a appelé le gouvernement à l'aide pour faire face à des ventes en chute, le groupe PSA est resté muet. Plusieurs observateurs ont alors souligné qu'il se refusait à faire une telle sollicitation pour garder les mains libres, toute aide de l'Etat étant souvent conditionné à des critères de maintien de l''emploi ou de l'activité.
Une fermeture dès cet été ?
Le ministre du Redressement productif a donc décidé de faire un premier point lundi et convié syndicats, élus locaux et représentants de la direction du groupe. A sa sortie, le maire d'Aulnay et les représentants syndicaux n’ont pas caché leur scepticisme et révélé une date butoir : le 25 juillet, lors de la présentation des résultats du groupe.
"La direction du groupe a indiqué très clairement et peut-être pour la première fois aussi clairement qu'elle n'avait pas de solution à la situation automobile, des usines françaises et en particulier d'Aulnay", a déploré l'élu socialiste, Gérard Ségura.
"La question est posée après 2014 et je ne peux pas vous en dire plus", a en partie confirmé mardi Frédéric Banzet, directeur de la marque Citroën.
Une usine stratégique pour un département sinistré
Invité d’Europe 1 mardi matin, le président PS du conseil général et député de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, a confirmé l’ambiance délétère : "hier, nous sommes partis préoccupés car j'ai l'impression qu'il n'y a plus de stratégie pour ce site en ce qui concerne la direction. Il pourrait y avoir des conséquences humaines et industrielles terribles".
Et pour cause : l'enjeu est énorme pour la Seine-Saint-Denis, où PSA est l'un des plus gros employeurs. Le chômage y est déjà élevé, 11,9% fin 2011, soit 2,5% de plus que la moyenne nationale, et la filière automobile représente près de 9.000 emplois dans le département.
Montebourg veut des éclaircissement
Du côté de PSA, une fermeture serait malgré tout la suite logique des dernières décisions prises. " PSA a besoin de réduire la voilure (…), cela fait longtemps que PSA veut fermer Aulnay", détaille Bertrand Rakoto, analyste chez Polk, notant qu'"il n'y a pas eu d'investissements importants", contrairement à ce qui a été fait dans d'autres usines du groupe.
Dans ce contexte et faute d’explications précises, Arnaud Montebourg a donc demandé à rencontrer mardi non plus des membres de la direction mais le dirigeant du groupe, Philippe Varin. Son objectif : connaître enfin les intentions du groupe PSA pour Aulnay-sous-Bois.