L'INFO. Certaines nouvelles passent mal en ces temps de conjoncture morose. Surtout dans des groupes à la situation aussi sensible que celle de PSA, où un plan de suppression de 11.000 postes est en cours. Le PDG, Philippe Varin, va bénéficier d'une retraite chapeau de 21 millions d'euros, versée sous forme de rente, à hauteur de 650.000 euros par an. Le Medef a d'ailleurs annoncé mercredi qu'il allait s'auto-saisir, arguant que cette retraite chapeau s'est faite "sans explication suffisante". Comme le résume notre éditorialiste Axel de Tarlé, cela "relance la polémique des retraites chapeau de dirigeants excessivement bien payés lorsqu'ils sont en activité.... Et qui veulent continuer à l'être une fois à la retraite".
"C'est écœurant". Évidemment, la nouvelle passe mal du côté des syndicats, qui dénoncent déjà le "scandale". "Ca fait hurler. On va encore donner 21 millions en retraites chapeau à M. Varin, pour quatre ans à la tête du groupe. C'est cher payer l'année. Là haut il se goinfre et c'est écœurant", lâche ainsi au micro d'Europe1 Jean-Pierre Mercier, délégué CGT d'Aulnay, en Seine-Saint-Denis, où l'usine de PSA va fermer, emportant ainsi plus de 3.000 postes. "M.Varin a fait signer un accord de compétitivité aux syndicats en faisant tout un cinéma sur le fait que les caisses étaient vides, que l'entreprise était au bord du gouffre, qu'il fallait faire 125 millions d'économie sur le dos des salariés, en bloquant des salaires, en supprimant des primes, en attaquant la quatrième semaine de congés payés", déplore le syndicaliste.
C'est quoi cette retraite chapeau ? Prévu dans le contrat du PDG, l'argent est déjà provisionné sur un compte, à débloquer au moment du départ à la retraite du dirigeant, prévu pour courant 2014. Le montant versé à l'année représentera à peu près la moitié de la rémunération de Philippe Varin en tant que PDG. Intégralement financée par l'entreprise, une retraite chapeau est une rente exonérée de cotisations sociales et de CSG. Et pour l'entreprise, la retraite chapeau de son dirigeant est classique et en rien excessive. À titre de comparaison, selon le magazine Capital d'août 2010, les 30 retraite-chapeau les mieux payées de France toucheraient en effet 720.000 euros en moyenne. Et PSA insiste également sur le fait que Philippe Varin a déjà fait des efforts en abandonnant la part variable de son salaire pendant deux ans. Pas sûr que cela ne suffise à faire passer "l'écœurement".
Le patronat demande des comptes. Le Haut-Comité de gouvernement d'entreprise, instance déontologique autonome du patronat français, "est en cours d'auto-saisine", a indiqué le Medef mercredi. Les règles de cette instance, créée en octobre, prévoient qu'elle puisse s'auto-saisir "lorsqu'une société n'applique pas une recommandation sans explication suffisante". Cette Haut-Comité est présidée par Denis Ranque, président du conseil d'administration d'EADS, et compte six autres personnalités dont des chefs d'entreprises mais aussi des personnalités qualifiées (universitaire, avocat...). Si une société décide de ne pas suivre une de ses recommandations, elle doit en rendre compte dans son rapport annuel et préciser les raisons qui ont présidé à ce choix.
Le gouvernement aussi. Du côté des politiques, les réactions ne se sont pas faites attendre. Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, et Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, ont réagi dès la sortie du conseil des ministres demandant conjointement à PSA de "faire la clarté" sur la retraite "inappropriée" de son futur ex-PDG.
Varin comprend mais...Philippe Varin a assuré mercredi "comprendre" les réactions suscitées par l'annonce d'une provision de près de 21 millions d'euros pour sa retraite complémentaire, mais précise qu'elles "reposent sur des idées fausses". "A mon départ du groupe, le moment venu, je ne toucherai aucune indemnité de départ", a-t-il assuré, tout en reconnaissant qu'il "bénéficiera d'une retraite complémentaire d'environ 300.000 euros net annuel". Pour cette retraite chapeau, PSA a provisionné près de 21 millions d'euros.
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