Triumvirat. La marque au lion va bientôt avoir trois têtes. PSA Peugeot Citroën a validé dimanche soir l'arrivée à son capital du chinois Dongfeng et de l'Etat français. Après plusieurs mois d'atermoiement, le conseil de surveillance a donné son feu vert au principe d'une augmentation de capital de 3 milliards d'euros à laquelle souscriront le partenaire chinois PSA et les pouvoirs publics. Tous deux devraient bientôt détenir 14% du capital… soit la même part qui sera réservée à la famille Peugeot, historique actionnaire majoritaire du groupe.
>> Mais ce lion à trois têtes parviendra-t-il a rouler droit ? Pas si sûr, tant la gouvernance s'annonce difficile entre les trois futurs pilotes du groupe.
Des tensions au sein même des Peugeot. Preuve que le brouillard n'est pas levé concernant la future conduite du groupe : l'action PSA a perdu 11% lundi. Les marchés n'aiment pas le flou, et ils s'interrogent sur la capacité du triumvirat à redresser un groupe qui a perdu 5 milliards d'euros en 2012. Déjà, les membres de la famille ont du mal à s'entendre entre eux. Thierry Peugeot, qui préside le conseil de surveillance, était plutôt réticent à voir arriver Dongfeng et l'Etat, tandis que son cousin Robert, qui dirige la FFP, la holding qui gère la participation familiale dans PSA, était prêt à voir cette part se diluer, selon des sources officieuses.
L'Etat ne veut pas d'un PSA Chinois… Mais c'est entre l'Etat français et Dongfeng qu'il pourrait y avoir le plus d'accrocs. Dong Feng va avoir intérêt à rapatrier une partie de la production en Chine, notamment pour couvrir plus facilement le marché russe. Et l'Etat français n'aura qu'une obsession : conserver les emplois en France. L'Etat "ne veut pas qu'un Chinois prenne le contrôle du capital de PSA", estime un analyste ayant requis l'anonymat. "Il protège les quelque 200.000 emplois de PSA", dont près de 91.000 dans l'Hexagone. "C'est un enjeu politique majeur", insiste-t-il. "PSA restera français", a d'ailleurs déjà prévenu dimanche le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.
"Cela ne va pas être évident", tranche Carlos da Silva, analyste chez IHS Automotive. "Pas sûr que les intérêts du futur lion à trois têtes convergent", renchérit Gaëtan Toulemonde, de chez Deutsche Bank .
… Mais tout le monde veut le bien du groupe. Les trois futurs actionnaires ont tout de même un intérêt commun: "que PSA se porte bien", assure un autre analyste, qui estime que cela suffira pour les faire rouler dans le même sens. Les deux constructeurs se sont déjà entendus sur les grandes lignes de leur coopération industrielle, selon une source au fait du dossier. PSA aidera ainsi Dongfeng à développer une marque propre. Et tout deux viseront principalement à conquérir les marchés asiatiques et sud-américains, où PSA est en retard. "L'essentiel est d'avoir un accord équilibré, qui permette d'assurer la pérennité du groupe et lui donne les moyens de ses développer", insiste une source proche du dossier.
En outre, le risque de voir les pouvoirs publics se mêler de la gestion opérationnelle de l'entreprise est faible. L’État actionnaire n'a pas "empêché Renault de délocaliser", rappelle Carlos da Silva. Quoi qu'il en soit, la tâche d'unir les actionnaires autour d'une même direction incombera au futur numéro un de PSA, Carlos Tavares. Cet ancien dirigeant de Renault devrait succéder officiellement à Philippe Varin au plus tard lors de l'assemblée générale prévue le 30 avril.
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