Parmi les quelque 4.000 emplois supprimés prochainement chez Peugeot en France, plus de la moitié, 2.100 environ, le seront dans la branche Recherche et Développement (R&D) du constructeur automobile, en interne ou en externe. La direction de la marque au Lion a expliqué vouloir "optimiser" le secteur. Les syndicats, eux, ont parlé, par la voix de Ricardo Madeira, délégué central CFDT, d’un plan "particulièrement inquiétant pour la recherche et développement".
Cette décision est plutôt rare dans le secteur automobile, où l’innovation tient une place primordiale. "Jusqu’a présent, les R&D n’étaient pas trop touchées. En général, ce sont les unités de production ou structurelles qui sont d’abord frappées", explique à Europe 1.fr Julien Wostyne, délégué CGT à Peugeot-Mulhouse. "Cette fois, il n’y a pas de catégorie épargnée. La direction s’attaque à tout le monde", peste le syndicaliste.
Un problème de "phases"
Ce fait nouveau s’explique, selon François Chaulet, directeur général du cabinet Montségur Finances. "Peugeot est une société qui, comme beaucoup de constructeurs automobiles, est obligée de rationnaliser ses coût de production", analyse pour Europe1.fr l’économiste. "Et l’exercice de 2011 n’est pas de la plus belle tenue. D’ailleurs, le titre a été divisé par deux en l’espace d’un an."
Dès lors, pourquoi couper dans les effectifs du R&D spécifiquement ? "Pour des entreprises de ce type-là, il y a des phases", reprend l’économiste. "La mise à jour d’un certain nombre de paramètres est une phase très importante. Peugeot, avec Citroën, a mis en place de nouvelles gammes, de nouveaux développements. Aujourd’hui, les nouvelles technologies sont intégrées, certaines refontes de gamme ont été réalisées, la société estime pouvoir vivre pendant plusieurs trimestre avec cette gamme renouvelée."
Des emplois R&D… à Shanghai
Et puis il y a le marché de l’automobile, de plus en plus compétitif. "La concurrence fait rage dans le secteur. L’entreprise familiale cherche donc à préserver ses capitaux et essayer de préparer l’entreprise pour des périodes difficiles", poursuit François Chaulet. "Malheureusement, c’est un mauvais signal pour l’emploi en Europe. Mais les structures doivent se rationaliser, en tout cas se rapprocher des coûts de production standard du secteur." Et donc employer hors de France. Les sites R&D de PSA emploient déjà 1.500 personnes à Sao Paulo et 400 à Shanghai. Mais dans la ville chinoise, ils seront à terme 1.000 employés.
C’est surtout cette situation qui fait bondir les syndicats. "C’est normal que si Peugeot vend hors de France, elle s’installe aussi hors de France", reconnaît le cégétiste Julien Wostyne. "Mais le développement ne doit pas se faire au détriment de l’emploi en France", peste-t-il, avant d’asséner quelque chiffres. "PSA a 11 milliards d’euros de liquidités, et 200 millions d’euros de dividendes ont été versés. Les sacrifices, comme toujours, on les demande aux salariés."