A cinq jours des municipales, plusieurs dizaines de milliers de salariés sont descendus dans la rue mardi, à l'appel de la CGT, FO, FSU et Solidaires, pour lancer un "avertissement" à François Hollande contre le pacte de responsabilité, pièce maîtresse de sa politique. "Près de 240.000 salariés, retraités et privés d'emploi sont venus grossir les manifestations et rassemblements dans 140 villes de France", a pour sa part assuré en fin de journée la CGT.
Des manifs partout en France... A Paris le défilé a rassemblé 60.000 personnes selon la centrale, 10.000 selon la police. En région, de nombreux cortèges ont été organisés: entre 6.000 (police) et 42.000 (organisateurs) personnes ont marché à Marseille. "Le gouvernement l'a décidé, le patronat l'a engendré, retrait du plan Hollande-Gattaz", scandaient les milliers de manifestants à Rouen. A Lyon, entre 1.000 et 3.000 personnes ont défilé jusqu'à la préfecture. Elles étaient entre 1.200 et 1.500 à Clermont-Ferrand. A Grenoble, où seuls 50% des tramways et des bus fonctionnaient, la police a recensé 1.480 manifestants.
Des défilés ont eu lieu aussi à Toulouse (entre 3.100 et 12.000), Saint-Nazaire (entre 750 et 1.500), Nice (1.400 et 3.000), Nantes (entre 1.800 et 5.000), Rennes (entre 1.400 et 2.500), Toulon (entre 2.000 et 3.500), Tours (entre 1.100 et 1.500), Orléans (entre 600 et 1.300), Strasbourg (entre 800 et 1.500), environ 1.200 à Metz, 1.000-1.200 à Caen, comme à Lille.
... Mais une grève peu suivi. Les appels à la grève ont, en revanche, été peu suivis. Le trafic aérien était légèrement perturbé. Dans l'éducation nationale, 5,1% d'enseignants ont été grévistes (4,1% pour l'ensemble de la fonction publique d'Etat), 5,20% à Pôle emploi. A la Sécurité sociale, tous les syndicats avaient appelé à un arrêt de travail - y compris la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Mais ces derniers ne se sont pas associés à la manifestation parisienne qu'ils ont estimée "confisquée" par la CGT et FO.
Les syndicats divisés. Les divergences sur le pacte ont aggravé les clivages syndicaux entre ce front de refus et les syndicats réformistes signataires du pacte (CFDT, CFTC, CFE-CGC). Ainsi à Rennes, des slogans anti-CFDT étaient lancés: "Medef, PS, CFDT empactés", "non au pacte des voleurs". "Les organisations qui manifestent aujourd'hui n'ont pas décidé de s'impliquer concrètement dans la recherche de solutions", a répliqué Laurent Berger, numéro un de la CFDT. "On n'a pas eu de remontées de nos troupes nous disant +on aurait aimé y aller+" à ces manifestations, a-t-il lancé.
"Pacte de complaisance". Pour Force ouvrière, cette mobilisation "constitue un avertissement pour les pouvoirs publics, tant vis-à-vis du pacte" que "des revendications en matière de salaires, d'emploi, de Sécurité sociale et de service public". Les salariés ne gagnent "rien" avec ce "pacte de complaisance" et c'est le président du Medef, Pierre Gattaz, qui "a eu satisfaction", a martelé au départ du défilé parisien Jean-Claude Mailly, numéro un de FO et fer de lance de la mobilisation.
Le gouvernement, en tout état de cause, ne renonce pas. "Les choses avancent, on est tout près de l'aboutissement sur la partie coût du travail et fiscalité" du pacte, a déclaré mardi à des journalistes le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il prévoit d'engager sa responsabilité en avril devant le Parlement sur ce projet.