Pour éviter un tête-à-tête risqué, autant introduire un troisième joueur dans la partie. Tel est le pari de la France, qui a décidé d’inviter Berlin dans les difficiles négociations en cours avec la Commission européenne à propos du budget 2015 de la France. Dans le viseur de Bruxelles pour ne pas avoir respecté ses promesses budgétaires malgré un traitement de faveur, la France a décidé de se tourner vers le bon élève de l’Union européenne, l’Allemagne, pour éviter une sanction aussi humiliante qu’inédite. Une coopération pas vraiment équilibrée.
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Paris et Berlin ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. Depuis le début de l’aventure communautaire, l’axe franco-allemand est un pivot de l’Union européenne. Quand les deux ne s’entendent pas, c’est toute la construction européenne qui patine. Les deux pays en sont conscients et veulent rester au cœur du jeu. Bien qu’exaspérée par les renoncements français, l’Allemagne a besoin que la France ne soit pas affaiblie par des sanctions venues de Bruxelles. Les deux pays ont donc élaboré une alternative aux sanctions de Bruxelles qui permettrait à la France de ne pas perdre la face et à l’Allemagne de surveiller son voisin.
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Un partenariat pour échanger… et se surveiller. Les deux pays ont donc passé un deal : l’Allemagne va se porter en quelque sorte caution pour la France auprès de la Commission européenne. En échange, Berlin exige que la France entame réellement les réformes qu’elle a promises et arrête de se limiter à de beaux discours. Et pour monter que la France est gagnante dans cette affaire, Berlin a accepté au passage de faire des investissements, une demande formulée de longue date par François Hollande.
Dans le détail, la France a trois ans pour engager des réformes. Et pour éviter un nouveau renoncement, Berlin a obtenu ce qui ressemble à un "droit de regard" sur le calendrier français. Pour garder la face, les deux pays vont officiellement lancer une étude menée par deux économistes, un de chaque pays, chargés de trouver des solutions pour les deux pays. Et de répondre aux questions suivantes : Quelles réformes mener ? Quels investissements prévoir ? Sauf que cette feuille de route concernera davantage la France que l’Allemagne. Michel Sapin et Emmanuel Macron seront lundi à Berlin pour finaliser ce projet.
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