François Fillon n'exclut pas de revoir les orientations budgétaires en fonction des prévisions de croissance, prévenait lundi le chef de file des députés PS, Jean-Marc Ayrault, à l'issue d'une réunion à Matignon. En plein examen du budget 2012, et avec des prévisions de croissance peu réjouissantes, les responsables de la majorité entament désormais le même refrain : les Français devront fournir plus d'"efforts". Le mot est lâché.
"Ne pas perdre de temps"
La ministre du Budget Valérie Pécresse a elle-même annoncé la couleur mardi matin. "Après le sommet européen, s'il faut réviser la croissance, au vu de la situation de l'Europe, des banques, de la zone euro nous le ferons", a déclaré la porte-parole du gouvernement. La ministre a clairement expliqué comment y parvenir. "Nous aurons le courage de demander des efforts supplémentaires aux Français s'ils sont nécessaires", a-t-elle prévenu.
Un discours également porté par l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Dans un entretien aux Echos mardi, l'actuel sénateur de la Vienne a prôné des efforts d'économies budgétaires "à nouveau importants et surtout durables", expliquant qu'il "faudra réduire encore nos dépenses". Pour y arriver, Jean-Pierre Raffarin a avancé une hypothèse de travail : "choisir entre couper des dépenses sociales peu efficaces ou revenir sur les allègements de charges en compensations des 35 heures". Habitué à mettre la pression sur l'exécutif, le sénateur UMP en est par ailleurs convaincu : "il ne faut pas perdre de temps".
Une révision de la croissance inéluctable ?
Alors que l'exécutif table encore sur une croissance de 1,75% en 2012, la pression monte pour qu'il abaisse sa prévision. Des économistes pensent qu'un taux de croissance de 0,9 % est beaucoup plus réaliste.
Le gouvernement français doit réviser à la baisse "dans les délais les plus rapprochés possibles" ses hypothèses de croissance, a ainsi déclaré lundi le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, estimant qu'il en va de "sa crédibilité". Même son de cloche du côté du président de la commission des Finances de l'Assemblée, Jérôme Cahuzac. Le député PS a en effet interpellé lundi Valérie Pécresse, sur "la sincérité" du budget 2012, fondé sur une prévision de croissance à laquelle "plus personne ne croit".
En attendant de savoir si, et quels efforts supplémentaires seront demandés aux Français, François Baroin a d'ores et déjà exclu une piste : celle d'une baisse des salaires des fonctionnaires. "Rien dans la gestion des déficits ne justifierait une telle mesure, il n'y a rien qui abîmera le salaire des fonctionnaires", a-t-il dit mardi, interrogé sur les moyens de réduire les déficits publics.