C’est la fin d’un long feuilleton suivi de près par des millions d’automobilistes. Le duo de ministres Macron-Royal a enfin trouvé un accord avec les sociétés d’autoroutes au terme d'une énième réunion, organisée jeudi en début d'après-midi. Une sortie de crise qui permet à chacun de garder la face, même si les sociétés d'autoroute l'ont emporté sur le fond : non, les augmentations prévues ne sont pas annulées et l'esprit des contrats sera respecté. La hausse prévue sera donc bien appliquée mais lissée sur plusieurs années.
En échange, les sociétés d'autoroute participeront bien au plan de relance autoroutier et bénéficieront en échange d'un allongement de la durée des concessions. Et pour éviter un nouveau bras-de-fer, les deux parties ont décidé de clarifier les règles du jeu pour les prochaines négociations.
Ce qui a été décidé :
- La hausse des tarifs des péages aura bien lieu, mais pas en 2015 : elle sera juste étalée sur les prochaines années, une manière de respecter les contrats de concession sans désavouer Manuel Valls et Ségolène Royal, qui affirmaient jusqu'à hier qu'il n'y aurait pas de hausse en 2015.
- Les contrats existants ne seront pas résiliés : l'Etat ferme donc la porte à une nationalisation, un temps évoquée par un rapport parlementaire.
- Les concessions vont être rallongées de deux ans en échange du plan de relance autoroutier : les sociétés concessionnaires vont investir 3,2 milliards dans les infrastructures autoroutières. 80% de ces investissements seront réalisés dans les trois ans, afin de relancer l'activité dans le secteur des travaux publics, a précisé Emmanuel Macron.
- Les sociétés d'autoroutes vont, en plus, financer l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) à hauteur d'un milliard d'euro. L'objectif est toujours de soutenir le secteur des travaux publics.
Les origines du bras-de-fer. Estimant que les sociétés d'autoroutes dégagent des profits excessifs au regard de leurs investissements, le gouvernement tentait depuis des mois d'obtenir de ces dernières qu'elles renoncent à la hausse prévue des prix des péages en 2015, à savoir +0,57%. Sauf que de telles hausses tarifaires sont prévues par les contrats de concession, si bien que les sociétés d'autoroute refusaient de reculer et rappelaient qu'elles sont dans leur droit. En clair, un contrat est un contrat et elles ne voyaient pas pourquoi l'Etat pourrait revenir sur ses engagements.
D'autant que ces dernières avaient un autre atout puisque le gouvernement négocie avec elles un plan de relance autoroute : les gestionnaires d'autoroute s'engageraient à investir 3,2 milliards et obtiendraient en échange un rallongement de la durée de leur concession. De quoi relancer l'activité dans le secteur des travaux publics et générer près de 15.000 emplois. Les sociétés d'autoroute bloquaient donc ce plan de relance, qui a pourtant été officialisé mercredi, tant qu'elles n'avaient pas obtenu satisfaction dans le premier dossier. (C’est désormais chose faite.)
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