L’heure est grave pour la raffinerie du groupe Petroplus, menacée de fermeture à Petit-Couronne, près de Rouen. Le groupe suisse, dont une ligne de crédit d'un milliard de dollars a récemment été gelée par les banques, cherche "des solutions alternatives", alors que le groupe a décidé l'arrêt "temporaire" de la raffinerie. C’est ce qu’a déclaré son PDG Jean-Paul Vettier, jeudi matin, après une réunion avec le Premier ministre François Fillon.
Tout faire pour éviter le dépôt de bilan
Désormais, l’enjeu pour Petroplus est de trouver des entreprises pouvant fournir "le produit et les lignes de crédit" nécessaires, a déclaré son PDG à la sortie de Matignon. "Cette solution réside pour une large part dans une entreprise qui pourrait nous apporter à la fois le produit (le pétrole brut, ndlr) mais aussi les lignes de crédit en substitution", a expliqué Jean-Paul Vettier. Ce dernier a par ailleurs indiqué que des discussions étaient en cours, sans préciser cependant le nom du groupe pétrolier.
Concernant les pourparlers avec les banques, auprès desquelles le groupe a coutume de se financer, Jean-Paul Vettier les a qualifiées de "très difficiles, mais dans une certaine mesure constructives". Il est "trop tôt pour parler de reprise", a-t-il tempéré, assurant toutefois que la société "ferait tout pour éviter un dépôt de bilan".
L’Etat "suit le dossier"
Signe que l’heure est grave, François Fillon avait bousculé son agenda jeudi matin pour recevoir le PDG du groupe suisse. Présent à Matignon, le ministre de l’Economie François Baroin s’est contenté de déclarer que l'Etat avait "répondu présent" en saisissant la Médiation du crédit pour aider le raffineur suisse à obtenir son financement auprès des banques.
"Tout est mis en oeuvre dans le cadre de la puissance publique pour favoriser la préservation de l'emploi. Evidemment, nous suivons ce dossier, comme tous les autres d'ailleurs, avec beaucoup d'attention", a-t-il souligné.
Hollande fustige l’inaction de l’exécutif
Au même moment, le candidat PS à la présidentielle François Hollande s’est rendu, jeudi matin, lors d’une visite surprise, la raffinerie de Petit-Couronne. Devant les 550 salariés, le socialiste en a profité pour demander à l'Etat de prendre ses responsabilités pour trouver une solution aux difficultés. "Où est l'Etat, où est le gouvernement, où est le Président de la République?", s’est-il interrogé.
François Hollande a donc demandé que l'Etat se mette en situation de "rechercher" un repreneur si Petroplus devait être défaillant.
Plombé par le contexte économique et le gel de cette ligne de crédit, le groupe suisse a commencé lundi matin le processus d'arrêt temporaire de sa raffinerie de Petit-Couronne. Deux autres raffineries du groupe, en Belgique et en Suisse doivent également être arrêtées. L'an dernier, Petroplus avait déjà fermé le site de Reichstett, dans le Bas-Rhin. 253 personnes avaient perdu leur emploi.