Un bonus-malus renforcé, une campagne de pub orchestrée par de grands noms du cinéma français, des millions d'euros d'aide... Le plan d'aide à la filière automobile a été présenté mercredi. Un plan "extrêmement ambitieux", selon les mots Jean-Marc Ayrault, qui permettra la "renaissance de l'automobile en France", a ajouté son ministre Arnaud Montebourg. Mais si côté gouvernement on se félicite de ces annonces, le reste de la classe politique est beaucoup plus circonspecte, voire critique.
Le plan "fera pschitt"
Beaucoup considèrent que le plan annoncé mercredi sera insuffisant face aux défis qui attendent la filière automobile. A droite, l'ancien ministre Bruno Le Maire estime que le plan "fera pschitt et ne marchera pas" parce que le diagnostic n'est pas le bon. "On se trompe toujours de constat : on pense qu'il y a un problème de demande, donc on soutient la demande, avec des aides, des bonus-malus, des aides publiques", a-t-il poursuivi. "Or il y a un problème d'offre et de qualité des automobiles que nous mettons sur le marché, de coût, d'innovation".
Christian Estrosi, ex-ministre de l'Industrie, estime pour sa part que le plan annoncé mercredi est "un aveu d'impuissance". "Ce plan automobile n'est qu'une énumération de mesurettes vaguement inspirées du plan que j'avais mené sous la Présidence de Nicolas Sarkozy", a-t-il dit, ajoutant que "c'est du mauvais copier-coller".
"Des mesurettes et des taxes déjà testées cent fois"
Marine Le Pen a quant à elle ironisé : "il était difficile de faire aussi inconsistant, et pourtant le gouvernement Hollande y est parvenu". Selon elle, "il n'y a dans ce plan que des mesurettes et des taxes déjà testées cent fois, qui n'apportent aucune réponse solide sur la durée".
Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la République, estime de son côté que "le plan de soutien à l'automobile n'est qu'un pansement sur un blessé grave". Pour le vice-Président du Parti Radical, Yves Jégo, le plan "n'est hélas pas à la hauteur de la crise". Il souhaite mieux informer les consommateurs sur l'origine des voitures achetées en France avec un "label Origine France Garantie". "Il serait bien que le gouvernement soutienne le développement de ce label qui permettrait sans dépenser un centime d'argent public d'orienter vers le 'produit en France' un consommateur trop souvent perturbé par la confusion entre marque et origine", a-t-il ainsi proposé.
Un plan pour "une partie plus que marginale" du secteur
Mais à gauche aussi le plan ne fait pas l'unanimité. Bien que faisant partie de la majorité parlementaire, le député Noël Mamère n'a pas hésité à critiquer les annonces. Selon lui, le plan annoncé n'est pas complet et "ne concerne qu'une partie plus que marginale" du secteur, à savoir les voitures électriques et hybrides. "75% des voitures françaises fonctionnent au diesel qui est cancérigène : renforcer le bonus, c'est encourager le diesel, alors qu'il faudrait encourager l'efficacité énergétique de l'essence", a-t-il estimé. "Ce n'est pas un plan basé sur la transition énergétique", a jugé Noël Mamère.
Même son de cloche du côté de la députée communiste Marie-George Buffet. Selon l'élue de Seine-Saint-Denis, le plan est "partiel". L'ancienne ministre avait déjà plaidé pour une relance des salaires plutôt que pour des "aides publiques" à la filière automobile.