Le rendez-vous. Pôle emploi est dans la rue. Les syndicats de conseillers ont appelé à manifester lundi, pour dénoncer le renforcement du contrôle des chômeurs. Depuis le début de l'année, des agents dite "contrôleurs" sont en effet payés à traquer les fraudeurs, vérifiant que l'inscrit est bien en recherche active d'emploi. Ces contrôleurs doivent par exemple appeler l'URSAF, et demander des attestations aux entreprises ou le demandeur d'emploi dit avoir postulé.
Mais surtout : ces contrôleurs recommandent des offres, et le chômeur est obligé d'y postuler et de le prouver.
"Ca stigmatise" le chômeur. "Nous protestons contre ces contrôleurs, qui peuvent revenir sur la décision d'un conseiller pour insister sur des offres d'emploi qui aujourd'hui ne trouvent plus preneur", déplore ainsi Véronique Riesco, de la CGT Pôle emploi Haute-Normandie, au micro d'Europe1.
"L'expérimentation sur la ville de Fécamp, par exemple, est ciblée sur l'hôtellerie et la restauration. Mais cela fait 30 ans que ces secteurs ne trouvent plus preneurs, parce qu'il y a des abus, en termes de travail non payé, de non respect des conditions de travail", déplore la syndicaliste. Et de conclure : "c'est particulièrement injuste, ça stigmatise le demandeur d'emploi, accusé de ne pas vouloir travailler, d'être fainéant".
L’inquiétude des chômeurs. Les contrôles ont, pour le moment, démasqué peu de grosses fraudes, mais les chômeurs s’agacent également de devoir se justifier. "Il fallait justifier les demandes d’emploi. J'ai dit au contrôleur que je cherchais tous les jours du travail et on m’a proposé une offre d’emploi à laquelle j’avais déjà postulé. Je vais le refaire pour lui faire plaisir", témoignait ainsi, en janvier, un transporteur au chômage depuis un an contacté par Europe1.
Et, s’il ne fournit pas méticuleusement ses justificatifs, le demandeur d'emploi risque tout simplement une radiation de quinze jours. Entre la punition et le découragement, les contrôles ressemblent à une "double peine", assure Véronique Riesco.
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