Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), était l’objet de toutes les attentions jeudi, son institution ayant promis de tout faire pour protéger la zone euro. Ce dernier a donc multiplié les annonces pour endiguer la spéculation avec un message central : oui, la BCE est bien présente et elle accélère le déploiement du pare-feu de la zone euro. Europe1.fr vous présente ses principales annonces, sous-titrages pour les néophytes compris.
LA DETTE DES ÉTATS, LA PRIORITÉ
Quelle est la principale annonce de la BCE ? La banque centrale a annoncé qu’elle achètera sur le marché secondaire des obligations d'Etat d'une échéance de 1 à 3 ans et ce sans limite "quantitative", un adjectif important. Ces achats se feront uniquement si les pays qui veulent en bénéficier formulent une demande d'aide au Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ? Lorsque des investisseurs prêtent de l’argent à un pays, ils obtiennent une créance (une obligation) qu’ils peuvent revendre s’ils ne souhaitent pas attendre d’être remboursés à terme par l’emprunteur. Les volumes d’achats et de ventes de ces obligations servent alors d’indicateur sur la confiance accordée à chaque pays. En assurant qu’elle rachètera autant d’obligations que nécessaire, la BCE veut donc limiter la spéculation et rassurer les investisseurs : ils pourront toujours revendre ces obligations à la BCE.
Quel est l’objectif de la manœuvre ? Inciter les investisseurs à ne pas bouder les emprunts, par exemple italiens ou espagnols, afin de faire baisser les taux auxquels ces pays empruntent. En obligeant les pays qui bénéficieront de ce programme à demander l’aide du FESF, elle dissuade en même temps les pays européens de multiplier les emprunts pour ne pas aggraver leur endettement : cette aide se fera en échange d’une baisse des déficits étatiques.
SOUTENIR LES BANQUES, L'AUTRE OBJECTIF
Une affaire de taux directeurs ? Les marchés espéraient une baisse du taux directeur, c’est-à-dire le prix auquel la BCE prête de l’argent aux banques. Mais la BCE a déjà agi de la sorte précédemment et considère que son taux de 0,75% est déjà très bas.
Comment la BCE va-t-elle soutenir les banques ? Mario Draghi a donc trouvé une alternative : la BCE va alléger les garanties qu’elle exige des banques européennes pour leur prêter de l’argent. En clair, elle prêtera toujours au même taux mais en posant moins de conditions aux banques, quitte à accorder des prêts à des établissements moins solvables.
Quel est l’objectif de la manœuvre ? Faciliter l’approvisionnement des banques en argent frais, c’est fluidifier le système bancaire et donc faciliter le crédit dans l’espoir de stimuler la croissance. Les banques vont donc bénéficier d’un ballon d’oxygène mais pour la relance de la croissance, rien n’est moins sûr : la dernière fois que la BCE a facilité le crédit, de nombreuses banques en ont profité pour emprunter à 0,75% pour ensuite reprêter cet argent aux pays du sud de la Méditerranée à taux avoisinant les 6%.
LES EUROPÉENS SONT-ILS SATISFAITS ?
Du côté des États. Les gouverneurs, qui représentent chaque pays, ont été "quasi unanimes, à une voix près", a précisé Mario Draghi. On peut supposer que la voix dissonante a été celle du représentant allemand, dont le pays s’est toujours déclaré opposé aux rachats d'obligations publiques. Pourtant, en posant des conditions strictes à son aide, la BCE a rassuré Angela Merkel, qui s'est contentée de déclarer : "la BCE agit dans le cadre de son indépendance".
Du côté des marchés. Les bourses de Paris, Londres ou encore New York avaient très bien réagi vers 16 heures, les principaux indices ayant gagné au moins un 1%. Mais les marchés ayant tendance à sur-réagir, il n'est pas certain que ces derniers restent stables. Réponse dans les jours qui viennent.
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