L'info. Augmentation du temps de travail, gel des salaires : l'Elysée réfléchit à offrir plus de souplesse aux patrons. En effet, selon les informations d'Europe 1, il réfléchit à réformer les accords de maintien de l'emploi. Réservé actuellement aux entreprises en situation difficile, le système pourrait été élargi. Les entreprises pourraient ainsi demander aux salariés, en accord avec les syndicats, d'augmenter le temps de travail ou bien de baisser leurs salaires, mais plus seulement pour sauvegarder les emplois. Désormais, une entreprise pourrait demander des efforts à ses employés également pour gagner en compétitivité ou développer sa croissance. Europe 1 vous explique le projet de l'Elysée.
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Un accord pour baisser les salaires. Les accords de maintien de l'emploi, mis au point par les partenaires sociaux en janvier 2013 et inscrit dans une loi de juin 2013, offrent la possibilité aux entreprises, en grande difficulté, de négocier un accord avec ses salariés, avec l'accord des syndicats. L’entreprise s’engage à ne licencier personne pendant deux ans et, en échange, les salariés acceptent une baisse de leur salaire et/ou un allongement de leur temps de travail, ou encore de rogner sur leurs jours de RTT. Ce système, qui pourrait permettre de modifier les 35 heures, serait donc élargi à toutes les entreprises.
Un signal envers le patronat. Dans une interview au Point, avant sa nomination, le ministre de l'économie Emmanuel Macron avait déjà évoqué l'extension des accords de maintien de l'emploi : "Nous pourrions autoriser les entreprises et les branches, dans le cadre d'accords majoritaires, à déroger aux règles de temps de travail et de rémunérations. C'est déjà possible pour les entreprises en difficulté. Pourquoi ne pas étendre ce dispositif à toutes les entreprises ?" Cet élargissement devrait, selon le gouvernement, permettre aux entreprises d'accroître leur flexibilité. Par exemple, si une société souhaite investir ou gagne un marché, elle doit accélérer sa cadence. L'entreprise pourrait alors décider, en accord avec les syndicats, d'augmenter le temps de travail des salariés ou de geler les salaires.
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Un gage envers Bruxelles. Mais cet élargissement n'est pas qu'un signal envoyé au patronat. C'est aussi un gage envers l'Union Européenne. Avec un déficit revu à la hausse cette année, à hauteur de 4,4%, et une croissance revue à la baisse à 0,4%, la France est attendue au tournant, notamment par l'Allemagne, lassée des promesses françaises non tenues. Le gouvernement veut donc montrer qu'il accélère les réformes structurelles, et notamment celles de son marché du travail.
La résistance des syndicats. Mais le gouvernement ne peut pas décider tout seul d'élargir ce dispositif. Il faut au préalable une négociation entre le patronat et les syndicats. Et pour le moment, il n'en est pas question pour les organisations syndicales. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, interrogé jeudi soir au Club de la presse d'Europe 1, a été clair : "Ce sujet avait été discuté, mais il n'avait pas été retenu car nous n'étions pas d'accord. L’Élysée a le droit d'avoir des idées, mais pour l'instant ce n'est pas sur la table. Ca donne un sentiment de panique, parce qu'on lance des sujets sans en avoir parlé précédemment." Le gouvernement va donc devoir être persuasif pour mener à bien son projet.