Les prix de l'essence ont une nouvelle fois atteint des sommets lundi, pour la troisième semaine d'affilée. Selon les chiffres publiés par le ministère du Développement durable, le prix moyen du litre de super sans plomb 95 a grimpé à 1,58 euro la semaine précédente et celui du super sans plomb 98 s'est élevé à 1,62 euro. Côté gazole, la tendance est également à la hausse (1,45 euro en moyenne), même si les records de 2008 n'ont pas été dépassés. Comment expliquer ces augmentations ? Europe1.fr fait le point.
Un problème géopolitique. A l'origine de la flambée du prix de l'essence : les tensions actuelles dans les pays producteurs de l'or noir. "Ce n’est pas un problème d’offre et de demande, c’est un problème de tensions géopolitiques qui existent actuellement entre l’Iran (deuxième pays de l'Opep, qui produit 3% des besoins français) et les Occidentaux au sujet du développement d’une industrie nucléaire en Iran", explique à Europe1.fr Yves-Marie Dalibard, porte-parole de l'Union française des industries pétrolières (Ufip).
Néanmoins, cela n'empêche pas Téhéran de maintenir la pression quant à l'or noir : le pays a annoncé dimanche qu'il arrêtait toute vente de pétrole à la France et à la Grande-Bretagne, les deux Etats de l'UE les plus en pointe pour promouvoir les sanctions contre l'Iran. Une annonce symbolique puisque les deux pays avaient déjà cessé leurs achats à l'Iran fin 2011. Reste que pour Yves-Marie Dalibard, "c’est un facteur de risque qui est inclus dans le prix par les marchés". "Avant cette période-là, le baril de pétrole était autour des 105 - 110 dollars. Aujourd’hui, il est à 120 dollars", détaille-t-il.
La crise iranienne n'est pas la seule à l'origine de ces chiffres records : les tensions politiques au Nigeria, deuxième producteur de pétrole d'Afrique, pèsent également sur les cours. D'autant plus que les Nigérians ont menacé en janvier dernier de couper les robinets d'or noir, dans le cadre d'un conflit social sans précédent dans le pays.
Enfin, la situation libyenne a également des conséquences sur le prix du carburant. Le pays n'a pas retrouvé ses niveaux d'exportation de brut d'il y a un an, avant la révolution qui a secouée le pays.
La crise européenne. Autre raison à l'origine des sommets atteints ces derniers jours : l'affaiblissement de l'euro face au dollar. C'est l'une des conséquences directes de la crise de la dette. Mécaniquement, si la monnaie européenne est plus faible, les Européens payent le baril du pétrole plus cher étant donné qu'il est libellé dans la monnaie américaine.
"Le prix exprimé en euros est extrêmement élevé", résume Yves-Marie Dalibard. "Lundi, le baril était à 121, 37 dollars soit 91,49 euros. C’est un prix très élevé, pratiquement aussi élevé que le 4 juillet 2008 : 91,34 euros. On est à un niveau en euro qui est équivalent aux niveaux les plus élevés en 2008. Ce qui fait la différence, c’est que l’euro était beaucoup plus fort par rapport au dollar qu’aujourd’hui", précise le porte-parole de l'Ufip.
Le froid. La vague de froid polaire, qui s'est abattue sur la France début février, est quant à elle à l'origine de l'augmentation du prix du gazole. Le carburant, qui est sensiblement de même composition que celui utilisé dans les cuves de fioul domestiques, a subi la loi de l'offre et de la demande. Pour faire face aux températures extrêmes, les particuliers ont été plus nombreux à demander une livraison de fioul, en urgence. Et par conséquent, les prix se sont avérés plus fermes. Tout comme pour le gazole.
Le prix de l'essence peut-il encore augmenter ? A en croire l'Ufip, tout est possible. Yves-Marie Dalibard affirme que "tout dépend de la manière dont la situation entre les pays occidentaux et l’Iran va évoluer. Il suffit qu’il y ait une détente entre les protagonistes dans cette affaire pour que les prix se détendent. Sinon, ils peuvent rester à ce niveau-là ou continuer à progresser régulièrement d'un dollar toutes les semaines. C’est difficile à dire".
Reste que si aucune prévision ne peut être faite en la matière, les prix des carburants toujours plus élevés ne bénéficient pas au secteur du raffinage, en berne. Deux raffineries françaises sont actuellement menacées : Petroplus à Petit Couronne et celle de LyondellBasell de Berre-l'Etang. Sur les 23 que comptait la France à la fin des années 70, il n'en reste plus que 11 aujourd'hui.
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