Pourquoi les ventes automobiles dévissent ?

Selon les informations d'Europe1, le secteur a subi une chute de l'ordre de 14% cette année
Selon les informations d'Europe1, le secteur a subi une chute de l'ordre de 14% cette année © MAXPPP
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avec Martial You , modifié à
La baisse est de 14% en 2012. En première ligne : les constructeurs français.

Les chiffres de vente de voitures neuves enregistrent une marche arrière... d'une quinzaine d'années. Le nombre d'immatriculations de l'année en France a été publié mercredi matin et le secteur a bel et bien subi une chute de l'ordre de 14% cette année, pour arriver à 1,9 million de véhicules vendus, soit 300.000 de moins que l'an dernier. En passant sous la barre des 2 millions de véhicules vendus, voilà donc tout un secteur replongé en 1997. Principales victimes : les constructeurs français, qui vont encaisser les trois quarts de la contre-performance. Explications.

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Les Français boudent de plus en plus leurs voitures. Le budget automobile est la 2e dépense des ménages tricolores, de l'ordre de 500 euros par mois, derrière le remboursement de la maison et devant la nourriture. En deux ans, ce budget a grossi de 300 euros. Mais cela ne signifie pas les Français achètent plus de voiture. Au contraire. Car ce budget se décompose notamment en dépenses dans la prime assurance (en hausse de 2% sur un an), l'essence (+2% aussi), ou encore la réparation et l'entretien de la voiture (+3,5%). Résultat : les Français repoussent l'achat de leur voiture et le parc automobile a atteint l'âge record de huit ans.

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© REUTERS

Pire, ils roulent de moins en moins, avec 12.000 kilomètres parcourus par an contre 20.000 il y a dix ans. "Les nouvelles générations, qui achètent traditionnellement des voitures neuves, n'ont pas été élevées avec l'idée qu'il faut absolument avoir une voiture. Au contraire, elles trouvent cela polluant", décrypte au micro d'Europe1 Eric Bataille, président du site de service automobile personnalisé, DrivePad.

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Les marques françaises victimes du "syndrome diabolo". Les constructeurs français souffrent d'abord de la fin de la prime à la casse, au début 2012, dont ils étaient les premiers bénéficiaires. Mais ils pâtissent aussi de ce que les professionnels appellent "le syndrome diabolo". "Les consommateurs se tournent moins vers les moyennes gammes, les voitures familiales, comme les monospaces ou les breaks, spécialités des marques françaises. Il y a un intérêt concentré sur le haut de gamme et les véhicules low cost", détaille Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire automobile Cétélem. Un phénomène qui profite aux constructeurs allemands, pour le haut de gamme, ainsi qu'aux pays de l'Est ou aux Coréens pour les voitures moins chères.

La conséquence, c'est que les constructeurs français souffrent beaucoup plus que leurs concurrents : -22 % pour Renault, -17 % pour PSA, tandis que les constructeurs étrangers ne reculent "que" de 6,7 % cette année.

Le plan Montebourg peut-il changer la donne ? Rappelez-vous, c'était le 25 juillet dernier. Arnaud Montebourg annonçait un plan destiné à être rien de moins que "le moyen d'une renaissance de l'automobile en France". Sa mesure phare : l'instauration d'un bonus-malus automobile, qui entre justement en vigueur mercredi. Le bonus va ainsi passer à 7.000 euros pour les véhicules électriques, et à 4.000 euros pour les hybrides, ce qui est censé favoriser les marques françaises, en pointe en la matière.

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© RENAULT / Luc PERENOM

Le hic ? "L'augmentation du malus va, en revanche, nuire au 'made in France' ", avance Laurent Meillaud, consultant automobile, contacté par Europe 1. Et de poursuivre : "il va toucher les breaks, les monospaces. En tout, un cinquième des Français va payer un malus. Cette mesure va avoir un effet plus néfaste qu'escompté." Le malus se déclenchera à partir d'un taux d'émission de CO2 de 135 grammes par kilomètre et les tranches voient leur taxation s'alourdir de 50 % à 167 %. Les acheteurs des véhicules les plus polluants (plus de 200 g/km) devront s'acquitter d'un malus de 6.000 euros.

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Les ventes de véhicules utilitaires s'effondrent. C'est l'autre enseignement des chiffres publiés mercredi matin : les ventes de véhicules utilitaires légers reculent de 10,5 % tandis que le marché des camions baisse de 8,4 %. La nouvelle est d'autant plus mauvaise qu'il s'agit d'un bon indicateur de la santé de l'économie : si les entreprises pensent qu'elles auront beaucoup de livraisons à effectuer, elles achètent des camions. "La chute des ventes de véhicules utilitaires légers et des camions est très inquiétante car elle montre un ralentissement de l'économie", précise-t-on au Comité des constructeurs français d'automobiles.