"Le gouvernement doit cesser de tergiverser sur le blocage du prix de l'essence", a réclamé mercredi l'ancien ministre UMP Laurent Wauquiez. "Dans ces questions de pouvoir d'achat, il y a deux poids deux mesures. Quand il s'agit de mettre des pénalités sur les classes moyennes, c'est tout de suite, on l'a vu sur les heures supplémentaires", a dénoncé sur RTL le député de Haute-Loire.
De son côté, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a annoncé qu'une mission d'inspection sur la formation et la transparence des prix du carburant devrait être conduite par le gouvernement. Celle-ci pourrait aboutir à un blocage temporaire des prix à la pompe, a-t-il précisé jeudi dans Nice-Matin.
Mais qu'est-ce-qui peut bien mettre le gouvernement dans une telle rage ? Les prix à la pompe de l'essence et du gazole, qui explosent, et l'hésitation du gouvernement à mettre en place une promesse de campagne de François Hollande : le blocage pendant trois mois en cas de flambée des tarifs.
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"'Surtout, attendons', semble répondre Bercy au ras-le-bol légitime des Français devant la nouvelle hausse des prix à la pompe... Il n'est pourtant plus temps d'attendre : il en va du pouvoir d'achat des Français et des automobilistes", a renchéri mercredi matin Florian Philippot, vice-président du Front national.
Pourquoi le gouvernement tarde-t-il à geler les prix ? Avant tout gel des tarifs à la pompe, une mission réalisée par l'Inspection générale des finances et le Conseil général des mines doit se pencher à très court terme sur la formation et la transparence des prix des carburants. Dans un communiqué de presse publié mardi, le ministre de l’Économie Pierre Moscovici avait confirmé qu'à la suite des résultats de cette mission, un blocage des prix des carburants était envisagé.
"En fonction de l'évolution des prix dans les semaines à venir, le gouvernement examinera toutes les options à sa disposition et n'exclut aujourd'hui aucune possibilité d'action, notamment un blocage temporaire des prix tel que proposé durant la campagne présidentielle", détaille le communiqué. Le ministre relève toutefois que les prix actuels "sont proches de ceux constatés lors de l'entrée en fonction du gouvernement", mais encore inférieurs à leurs pics de mars-avril, et se dit être "extrêmement attentif" à l'évolution des prix.
Qu'avait proposé François Hollande ? C'est que la promesse de campagne de François Hollande n'est pas si simple à mettre en œuvre et risque de couter des sous aux finances publiques. En février, le candidat socialiste avait promis de bloquer les prix sur une période de trois mois, avant d'instaurer une TIPP flottante.
"Moi ce que je propose, c'est d'abord, de faire une pause, trois mois, où on met les distributeurs face à leurs responsabilités. Et puis ensuite une fois qu'on a fait cette période de blocage, on met en place le mécanisme fiscal dont j'ai parlé, c'est-à-dire restituer au consommateur ce que l’État n'a pas à avoir comme recettes supplémentaires" avait-il déclaré sur TF1.
Est-il possible bloquer les prix ? Il existe deux possibilités pour baisser les prix de l'essence. Première hypothèse : interdire aux distributeurs ou à la grande distribution de les augmenter, comme cela avait été fait lors de la Première Guerre du Golfe en1990 et à plusieurs reprises dans les territoires d'Outre-mer, comme début 2009 pendant six mois par exemple.
"C'est une plaisanterie. Les prix du pétrole sont déterminés par un marché mondial à l'extérieur. Il serait aberrant d'obliger un acteur qui se fournit à l'étranger à bloquer ses prix en France", avait à l'époque raillé Nicolas Sarkozy. L'Union française des industries pétrolière (Ufip) est également contre, arguant que les prix hors taxes de l'essence en France sont déjà parmi les plus bas d'Europe.
Une autre possibilité serait que l’État lui-même baisse les taxes qu'il perçoit sur l'essence pour bloquer les prix (60% environ du prix de l'essence est constitué de taxes). Ce système serait "envisageable" selon l'Ufip, mais extrêmement coûteux pour les finances publiques. Selon des chiffres du gouvernement datant du début de l'année, le blocage d'une augmentation de 10 centimes pour 3 mois représente une charge de 1,25 milliard d'euros pour l'Etat.
TIPP flottante : à quoi ça sert ? La taxe intérieure sur les produits pétroliers est un impôt appliqué à tout carburant et additif pour moteur. Perçue sur les volumes et non sur les prix, elle est fixée à 0,60 euro par litre d'essence et 0,42 euro par litre de Diesel. En 2011, elle a rapporté 14 milliards d'euros au budget de l’État. La TIPP flottante, que compte instaurer François Hollande, consiste à moduler cette taxe en fonction du prix du baril.
Ce dispositif avait été mis brièvement en place sous le gouvernement Jospin. Elle avait toutefois coûté cher aux finances publique : l’État avait en effet dû renoncer à près de 2,7 milliards d'euros de recettes fiscales sur 22 mois, pour un gain à la pompe de seulement 1,5 centime par litre d'essence, selon un rapport de la Cour des Comptes.
Pour que le système soit efficace, les périodes de hausse de prix doivent être compensées par des périodes de baisse. Or l'Ufip prévoit pour cette année "des prix à la pompe relativement soutenus", car le pétrole brut marque "aujourd'hui une tendance très nette à la fermeté du prix", en raison de l'embargo sur le pétrole iranien, "l'apaisement" relatif sur les marchés européen et des déclarations des dirigeants saoudiens indiquant qu'"un prix de 100 dollars leur allait bien".