Jérôme Kerviel a été lourdement condamné mardi, écopant de 5 années de prison ferme et de 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts. Qu’en pensent les traders et les employés de banques ? Europe 1 est allé à la rencontre de banquiers satisfaits de voir que la justice a tourné cette page sombre pour leur profession.
“On aurait tous pu se retrouver sur la paille“
Lui aussi trader, Edouard a intégré en janvier 2008 Delta One, le même service que Jérôme Kerviel au sein de la Société Générale. Aujourd’hui au service d’une banque concurrente à Londres, il est satisfait du jugement. Il est très critique à l’encontre de son ancien collègue de travail.
“Il a mis la banque en danger, on aurait tous pu se retrouver sur la paille“, réagit-il :
Un jugement sévère ou mérité ?
"Injuste", "sévère": de nombreux salariés de la Société Générale interrogés mardi au pied des tours du groupe à La Défense jugeaient en revanche excessive la condamnation de Jérôme Kerviel. "C'est injuste, c'est n'importe quoi. On ne peut pas demander 4,9 milliards à un gars", s'emporte un trader, trentenaire de petite taille aux cheveux grisonnants, réticent à décliner son identité.
"Jérôme Kerviel n'est pas une star, c'est un escroc. Il a fait beaucoup de mal à la Société Générale, à ses salariés", tempère Nathalie, une autre employé.
Pour Raphaël, les choses sont plus simples : "c'est déjà de l'histoire ancienne", la Société Générale est aujourd'hui "une banque qui tient debout".
“Tout n’a pas été réglé“ à la Société Générale
Près de trois ans après le déclenchement de l'affaire, les choses ont-elles changé à la Société Générale? Oui, mais pas autant qu'il faudrait. C'est l'avis d'Alain Pommier, délégué central CFDT au sein de la banque. Certes, “il y a eu de gros efforts qui ont été fait sur des aspects de contrôle technique, de contrôle informatique“, reconnaît-il.
En revanche, “sur les rémunérations, tout n’a pas été réglé“, regrette-t-il :
Au pied de la tour Société Générale, un cinquantenaire conclut qu'"il aurait fallu parler de ce qui se passe dans les salles de marché" pour dégager plus clairement les responsabilités de chacun. Pour lui, la question des pratiques des traders a été très longuement abordée durant le procès, mais "on n'a pas fait appel aux gens qu'il fallait" entendre.