C’est un poids lourd de la finance française qui a rejoint mardi le ban des témoins dans le procès de Jérôme Kerviel. L'ancien président de la Société Générale, Daniel Bouton, a en effet du revenir sur la fin de sa présidence à la tête de la banque, avant que n’éclate l’affaire Kerviel, qu'il avait traité d'"escroc", de "fraudeur", de "terroriste".
Daniel Bouton a été entendu dans le cadre du dernier volet du dossier étudié par le tribunal sera, mardi, le "débouclage" (la liquidation) des positions prises par Jérôme Kerviel. Une opération qui s'était soldée par la perte historique de près de cinq milliards d'euros début 2008.
Après onze ans à la tête de la Société Générale, Daniel Bouton, très critiqué, y compris par le chef de l'Etat, avait démissionné fin avril 2009, après une série de scandales liés notamment aux rémunérations des dirigeants de la banque.
Le Pape des "années fric" ?
Sa présence n'a pas été demandée par la défense, consciente qu'il n'était pas personnellement au courant de ce que faisait Jérôme Kerviel, ni par les avocats de la banque, qui la jugeaient "ridicule". Mais elle a été réclamée par les avocats de cinq salariés ou retraités actionnaires de la banque, parties civiles au procès.
Me Daniel Richard comptait ainsi lui demander "quelles valeurs" la Société Générale "enseigne à ses traders" et évoquer "les années Bouton, qui ont été les années fric". "Sans Bouton, y aurait-il eu un Kerviel ?", s'est interrogé l'avocat.
"Il est bien, en forme"
"Il a l’air bien", a confié à Europe 1 son ami Marc Dandelot, conseiller d’Etat. "Il est bien, en forme, tout à fait serein. Il joue toujours au golf, il s’occupe de ses petits-enfants", a-t-il ajouté.
Daniel Bouton a par ailleurs rendu le mois dernier son bureau au dernier étage de la Société Générale, ainsi que son assistante et son chauffeur. A tout juste 60 ans, il s’est lancé dans le conseil et travaille surtout avec la banque Rotschild.
Il sera l’un des derniers témoins entendus avant la fin du procès. Les parties civiles doivent plaider mercredi, puis le parquet prendra ses réquisitions jeudi et les débats s'achèveront vendredi, avec la plaidoirie de la défense conduite par Me Olivier Metzner. Le tribunal mettra alors sa décision en délibéré.