Mario Draghi sait parler aux bourses. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) n'a eu qu'à prononcer que quelques phrases, jeudi, pour donner un bol d'air à la zone euro. "La BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro, a-t-il déclaré lors d'une conférence d'investisseurs, retransmise par la chaîne de télévision Bloomberg TV. Et croyez-moi, ce sera suffisant."
"La mission de la Banque centrale européenne est aussi d'intervenir en cas d'envolée des taux d'emprunt de certains pays de la zone euro, si cela freine la transmission de sa politique monétaire", a poursuivi le président de la BCE, faisant notamment référence à l'Italie et l'Espagne, pays en grande difficulté depuis qu'ils empruntent à des taux record.
Les bourses montent, les taux baissent
Et le résultat ne s'est pas fait attendre. Les promesses et le ton de "Super Mario" ont littéralement dopé les bourses européennes, qui connaissait une semaine moribonde. Paris a ainsi clôturé jeudi soir sur un bond de 4,07%, Londres 1,36%, Francfort 2,75%, Milan 5,62% et Madrid 6%.
Mieux, les taux d'emprunt Italien et Espagnol ont également commencé à baisser. Celui de l'Espagne, qui oscillait autour de 7,3% dans la matinée, est passé pour la première fois sous les 7% depuis le 19 juillet. Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Italie est, lui, repassé sous le seuil des 6% vendredi matin sur le marché obligataire, la première fois sous les 6% depuis le 20 juillet.
"Le marché monte parce qu'il attend justement que la BCE se manifeste et Draghi fait comprendre qu'il se laisse la possibilité d'agir", explique Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque. "Ce qu'a dit le président de la BCE est positif et je lui fais confiance pour faire ce qu'il faut pour la zone euro", a également salué Pierre Moscovici vendredi sur France2.
"La BCE a jugé la situation critique"
Pourquoi les mots de Mario Draghi ont-ils tant de poids ? La zone euro est en proie à d'immenses difficultés en ce début d'été, et les marchés ont entamé la semaine en baisse. Selon les analystes, le seul espoir à court terme pour assurer le calme réside dans une intervention de la Banque centrale européenne (BCE). Première action possible, elle pourrait reprendre sous peu ses rachats d'obligations publiques sur le marché secondaire (là où s'échangent les titres déjà émis), à l'arrêt depuis quasiment mi-février. Ce que réclamaient les pays les plus menacés comme l'Espagne mais aussi la France. La BCE pourrait également intervenir indirectement en finançant le FESF ou le MES qui procèderaient au rachat de ces obligations souveraines.
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"Il n'y avait plus d'acheteurs pour la dette espagnole, ni pour la dette italienne, donc les taux grimpaient mécaniquement, décrypte pour FTVi Benjamin Carton, économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii). Il fallait enrayer le processus. La BCE est donc intervenue quand elle a jugé que laisser la situation telle quelle devenait trop critique." Une reprise en main qui a séduit les marchés, et rassuré l'Europe. Reste à savoir quels armes précises la BCE et "Super Mario" sont prêts à sortir pour vaincre la crise.