Que sont devenus les commissaires au Redressement productif (CRP) ? La mission des ces 22 pompiers d'entreprises, lancés au printemps 2012 par Arnaud Montebourg lorsqu'il était ministre du Redressement productif, est toujours en cours, malgré le départ de leur créateur l'été dernier. Et selon les informations d'Europe1, Bercy veut même renforcer le pouvoir de ces agents.
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Quand Emmanuel Macron a pris les commandes du ministère de l'Economie, il a en effet voulu pérenniser ces commissaires, répartis dans chaque région, et dont le rôle est de soutenir les entreprises en difficulté. Aujourd'hui, il veut donc leur donner plus de moyens. Car il est convaincu que c'est un maillon essentiel pour lutter contre la crise économique.
Qui sont les CRP déjà ? Ces agents nommés par Arnaud Montebourg sont des couteaux suisses pour entreprises abimées, capables de chercher un repreneur, de discuter avec les créanciers, de débloquer un dossier gelé par l'administration. Quatre femmes et dix-huit hommes, un par région, qui auraient permis de sauver 178.000 emplois entre 2012 et avril 2014, selon un bilan (invérifiable) communiqué en grande pompe par Arnaud Montebourg, en avril dernier.
L'objectif : mieux les intégrer. En deux ans et demi, ils ont eu le temps de se faire une expérience précieuse, confie un conseiller de Bercy à Europe1. Le ministère veut donc maintenant accélérer, renforcer leur efficacité et leur légitimité. Le moyen ? Leur permettre de travailler encore plus en réseau, avec les services de l'Etat, l'Urssaf, la banque de France et les divers acteurs locaux. Une circulaire est en préparation pour demander noir sur blanc à ces divers acteurs d'intégrer les CRP dans leur fonctionnement, et de leur prêter davantage d'attention.
La méthode change. À nouveau ministre, nouvelle méthode. Emmanuel Macron veut mettre fin à la communication autour du nombre d'emplois préservés. Une communication invérifiable, puisque les noms des entreprises n'étaient pas communiqués, afin de ne pas les "ficher". Cette volonté de confidentialité a d'ailleurs été renforcée. Les visites des CRP aux entreprises se font plus discrètes, peut-être même trop : un président de CCI nous a confié qu'on ne les voyait plus ces derniers temps.
La confidentialité est indispensable pour réussir, justifie un de ces agents de l'Etat contacté par Europe 1. Une entreprise étiquetée "en difficultés" peut en effet effrayer un fournisseur ou un banquier.
Créer un esprit de groupe. Enfin, Bercy essaie aussi autant que possible de créer un esprit de corps. "Ce sont les troupes du ministre", résume un conseiller. Toutes les semaines, ils sont reçus par groupe de 5-6 par des membres de cabinet d'Emmanuel Macron (ce qui était déjà le cas sous Arnaud Montebourg). Et tous les trois ou quatre mois, l'ensemble des CRP se réunissent au ministère de l'Economie pour une journée de formation et d'échanges. Emmanuel Macron passe d'ailleurs souvent une tête, histoire de les motiver. Dans cette période, où l'activité reste encore fragile, notamment dans le BTP et les transports, Bercy ne veut pas lâcher ces hommes et ces femmes au service des entreprises.