François Hollande s'est dit favorable mercredi au "rachat" d'Alcatel par Nokia mais à deux "conditions" : que l'emploi soit "garanti en France" et que la recherche soit "augmentée". Après avoir levé le verrou politique, mardi après-midi lors d'une rencontre avec le président de la République, les deux entreprises ont annoncé mercredi matin leur fusion imminente. Le nouvel ensemble devrait s'appeler Nokia Corporation et aurait son siège en Finlande tout en conservant une forte présence en France.
"Nous sommes favorables à tout ce qui peut constituer un leader mondial" mais à "deux conditions" : l'emploi qui "doit être garanti en France" et la recherche qui "ne doit pas être simplement maintenue en France" mais "augmentée", a ainsi déclaré le président de la République lors d'une conférence de presse à Berne.
Pourquoi une telle fusion ? Numéro un mondial des téléphones mobiles pendant une dizaine d'années, Nokia a totalement perdu pied face à Apple dans le haut-de-gamme et face à Samsung sur toute son offre. Le Finlandais devait donc décider de se réinventer, en se spécialisant notamment dans les infrastructures et les logiciels permettant aux téléphones de se connecter en haut-débit, sans oublier son système de géolocalisation.
Mais Nokia n'est pas seul sur ce secteur et doit faire face à son concurrent historique Ericsson mais aussi et surtout au futur géant chinois Huawei. L'entreprise finlandaise doit donc grandir et, puisqu'elle en a les moyens, autant racheter une entreprise existante. Alcatel-Lucent est justement une cible idéale : il se trouve qu'elle est à peine plus petit que Nokia, 53.000 employés contre 55.000 pour le Suédois, et qu'elle s'est tourné vers le même secteur, celui des infrastructures du très haut-débit et le "cloud computing". Sans oublier qu'Alcatel-Lucent est propriétaire de très nombreux brevets.
Quid de l'emploi ? Autant de raisons qui ont poussé Nokia à convoiter Alcatel-Lucent, sans oublier les classiques gains de synergie attendus : en 2019, le futur groupe espère réduire ses coûts d'exploitation d'environ 900 millions d'euros. Pourtant, le groupe écarte officiellement toute nouvelle suppression d'emplois : il n'y aura pas de suppressions d'emplois supplémentaires à l'issue du plan de restructuration, a assuré la direction de Nokia.
"Ce qui est important pour nous, c'est que d'une part il n'y aura aucune destruction d'emplois en France, et même davantage. Nous avons eu tous les engagements de la part de Nokia", a précisé le ministre de l'Economie, mardi sur BFM, avant d'ajouter : "un centre d'excellence de recherche et développement sera en France développé". Une promesse confirmée par Michel Combes, le PDG d'Alcatel-Lucent, sur Europe 1 mercredi matin, qui a promis la création de "500 nouveaux emplois de Recherche et développement". Si la question de l'emploi est si sensible pour les 8.000 salariés français d'Alcatel-Lucent, c'est que le groupe a déjà mené plusieurs plans de restructuration sans pour autant réussir à redevenir rentable.
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