Comme pressenti, Total va bien s'attaquer au dossier du raffinage, un secteur dans lequel il ne cesse de perdre de l'argent en France. La direction du groupe pétrolier a dévoilé jeudi son plan de restructuration dans cette l'activité, synonyme d'un investissement de 600 millions d'euros : la raffinerie de Donges va être modernisée tandis que celle de La Mède va être reconvertie dans les biocarburants.
"Face à la crise que connait le raffinage européen, il y a trois attitudes possibles. La Première, la facilité, c'est de jeter l'éponge. LA deuxième, l'immobilisme, c'est de ne rien faire et de disparaitre. La troisième, c'est d'innover et de se réinventer pour répondre aux évolutions de la demande. L'idée force de notre plan pour le raffinage de Total en France est de remettre nos activités industrielles, notre offre, en phase avec l'évolution des marchés", a justifié l'entreprise dans un communiqué.
La raffinerie de La Mède va changer de métier. Les changements les plus importants concernent le site de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône : ce site va tout simplement changer d'activité et arrêter de traiter du pétrole brut fin 2016. Le groupe va investir 200 millions d'euros pour créer une unité de production de biocarburants, et plusieurs autres activités nouvelles : plateforme logistique, centrale solaire, une unité de production d'un additif réduisant les émissions d'oxydes d'azote des moteurs diesel, centre de formation, etc.
La raffinerie de Donges va être mise à niveau. Déficitaire depuis plusieurs années, le site de Donges va être modernisé pour tenter de redevenir rentable. Total va y investir 400 millions d'euros. Selon la CFDT, le groupe prévoit "la construction d'une unité de désulfuration", qui permettra de produire des carburants avec une teneur en soufre moins importantes et conformes à l'évolution des normes sur les carburants en Europe.
Quid de l'emploi ? Depuis le début, la direction ne cesse de marteler que cette réorientation stratégique se ferait sans fermeture de site ni licenciement, une promesse à laquelle les syndicats ont promis d'être très attentifs. Finalement, la direction a annoncé la suppression de 180 postes, et non 180 licenciements, sur le site de La Mède. Une précision sémantique qui a son importance : a priori, aucune personne ne sera licenciée puisque sur les 178 postes supprimés, 68 représentent des départs à la retraite, 84 des reclassements et 26 autres des projets de "mobilité", selon la CFDT. Les effectifs vont donc bien être réduits, mais sans procéder à des licenciements.
Pourquoi la France tourne-t-elle la page du raffinage ? Car cette activité n'est tout simplement pas rentable. Total perdait déjà de l'argent lorsque le cours du baril avoisinait les 80 dollars, et c'est encore plus vrai depuis qu'il est descendu aux alentours de 50 dollars. Plusieurs facteurs expliquent cette évolution : l'Europe est en surcapacité alors même que la demande recule. En outre, les installations françaises sont vieillissante et donc bien moins efficaces que les sites plus récents. Autant de raisons qui avaient déjà conduit Total à fermer le site de Dunkerque en 2010.
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