"Il est dans le déni de réalité. C'est un bonimenteur. Il vend du rêve aujourd'hui, de l'illusion". À l'image de la réaction du député UMP Eric Ciotti sur France TV, la "reprise économique" annoncée par François Hollande dimanche suscite l'ironie de plus d'un commentateur. "Son optimisme est sans doute renforcé par le beau temps", a renchéri Jean-Vincent Placé. L'objet de leur raillerie : la sortie du chef de l’État lors de son interview du 14 juillet, en direct de l’Élysée. "La reprise, elle est là. Une production industrielle qui repart. La consommation connait une petite reprise", a lancé le président de la République dimanche.
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Des indicateurs encourageants... L'Insee prévoit en effet un petit rebond de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre 2013, une stabilité au troisième et une hausse de 0,1% au quatrième, après un recul de 0,2% sur le premier trimestre 2013 et le dernier de 2012. Et comme l'indique François Hollande, il y a bien "une production industrielle qui repart". En mars, avril et mai, l'indicateur a augmenté de 1% par rapport aux trois mois précédents et de 0,6% dans le seul secteur manufacturier, c'est-à-dire sans prendre en compte l'énergie et le secteur minier. Pour l'ensemble du deuxième trimestre, l'Insee prévoit une hausse de 0,9%. Cela est "de bon augure" pour l'économie française, avaient ainsi indiqué mercredi plusieurs économistes cités par l'AFP. Et, après un recul record en avril, la consommation connaît bien une "petite reprise" en mai, avec un rebond de 0,5%.
… Mais un terme ambitieux. Mais le terme de sautillement, voir de hoquet, semble plus adapté que celui de "reprise", tant ces rebonds sont limités et fragiles. "Je comprends très bien la volonté du président de faire de la méthode Coué", a ainsi raillé l'économiste Marc Touati. "Une reprise c'est une croissance de 2%, pour l'instant on n'y est pas du tout" et "les mesures qui ont été prises ne vont pas dans le sens de la reprise", a-t-il estimé dans une allusion aux hausses d'impôts de 2013. "On dit qu'on ne va pas augmenter les impôts sur 2014 mais sur 2013 clairement ils vont augmenter", a lancé Marc Touati, "ça n'a pas encore joué négativement sur l'économie mais ça commence à le faire". "Il est encore trop tôt pour y voir le signe d’une reprise durable", avait même reconnu mercredi le ministre de l’Économie Pierre Moscovici.
L'ombre des marchés. Ce que François Hollande n'a pas mentionné, c'est que le gouvernement a également les yeux rivés sur les marchés. "La situation en Zone euro est pire que prévue car l'activité des pays émergents ralentit. On peut donc s'attendre à une hausse des taux d'intérêt sur la dette française, ce qui fera augmenter les taux d'emprunt à la consommation et à l'immobilier et risque de freiner encore plus la consommation", prédisait ainsi l'économiste (libéral) Christian Saint-Etienne, contacté par Europe1.fr fin juin. Pour l'heure, malgré la perte de son dernier triple A, celui de Fitch, la France continue d'emprunter à bas coût, car les marchés attendent surtout la future réforme des retraites. Mais cela pourrait ne pas durer.