L’INFO. “Retournement économique”, c’est la formule rhétorique qui a marqué le week-end. François Hollande, cité dans le JDD, un retour de la croissance pour la fin du quinquennat à l’approche du second anniversaire de son entrée à l’Elysée. Le 14 juillet dernier, le président avait déjà affirmé que “la reprise (était) là”. Si on peut lui reconnaître une constance dans l’optimisme, les signes de ce qu’il affirme sont encore maigres.
La théorie des cycles. Si François Hollande a autant de certitude quant à l’avenir économique du pays, c’est notamment parce qu’il est convaincu que le retournement sera naturel. “Il est arrivé à l’Elysée en croyant à la théorie des cycles”, rappelle Nicolas Barré, le directeur de la rédaction des Echos, sur Europe 1.
Logique théorisée dès 1862 par le Français Clément Juglar, l’idée des cycles consiste à penser que les phénomènes économiques reviennent à intervalles réguliers. Dans les années 70, elle a connu un nouvel intérêt avec l’émergence de la théorie des cycles dits “réels” qui s‘attache plus particulièrement à expliquer les fluctuations de la productivité.
Selon cette idée, la croissance et la récession ne sont que des réponses à des chocs, un peu comme les rides de l’eau quand on jette une pierre dans la mare. Pour François Hollande, si il y a eu un long bas, c’est qu’il va y avoir un haut.
La croissance va-t-elle revenir ? Problème, jusque là, le retournement n’a pas eu lieu et son arrivée reste hypothétique. Le président y croit toujours, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a présenté à la Commission européenne un plan de stabilité pour les trois prochaines années qui table sur une croissance en perpétuelle progression, laissant d’ailleurs les observateurs perplexes.
La Commission, justement, qui présentait ses perspectives de croissance dans la zone euro lundi semble elle aussi septique. Elle a montré son désaccord avec les prévisions françaises autant sur le déficit, dont elle estime qu’il sera supérieur à 3% du PIB français en 2015, que sur la croissance, dont elle pense qu’elle s’établira à 1,5%.
Et pour cause, malgré l’optimisme de François Hollande, les indicateurs ne sont pas au vert. Que ce soit sur l’investissement, l’emploi, la consommation, les recettes fiscales ou encore l’inflation, l’exécutif français a proposé un plan qui laisse beaucoup de place à l’incertitude. “Le gouvernement fait deux grands paris, détaille Nicolas Barré. Selon lui, l’investissement va repartir car les entreprises seront davantage confiantes et les allègements de charge vont se traduire par la création d’emplois, donc du salaire et de la consommation”.
Des motifs d’espoirs ? Il n’empêche, les perspectives posées par le gouvernement pourraient en effet se réaliser. Invité à donner son avis sur le plan de stabilité du gouvernement, le Haut Conseil des Finances publiques a jugé récemment que les perspectives de croissance présentée pour 2014 étaient “réalistes”. Celles pour 2015 sont quant à elles estimées “optimistes” par l’autorité indépendante en charge de contrôler les travaux du gouvernement.
Quoi qu’il arrive, il semble difficile pour François Hollande de promettre des lendemains qui chantent. “L’activité redémarre doucement. Mais si la croissance est si lente, c’est parce qu’il y a quelque chose de cassé, note Nicolas Barré. Ce quelque chose, c’est la productivité. Ce moteur de la croissance tournait à 5% par an pendant les 30 Glorieuses. Il a progressivement ralenti à 2% et on est maintenant aux alentours de 1%. Autrement dit, même si l’activité repart, ça ne sera pas aussi fort qu’avant.”
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