Le gouvernement n'exclut rien pour financer les retraites. S'"il faut, progressivement, c'est d'ailleurs prévu dans la loi Ayrault, allonger la durée de cotisation, et bien nous le ferons puisqu'il est normal que quand l'espérance de vie s'allonge, on allonge proportionnellement les durées de cotisation", a lâché mardi le ministre du Travail, François Rebsamen, sur France 3.
Un allongement dans deux ans ? L'allongement de la durée de la cotisation, déjà porté à 43 ans depuis la réforme de 2014, est une proposition de la Cour des comptes, qui s'inquiète notamment de l'avenir du système des retraites complémentaires. François Rebsamen a assuré mardi que la pérennité des retraites était assurée jusqu'à "l'horizon 2023, 2025" mais que des ajustements n'étaient pas exclus.
"Est-ce que ce sera deux ans ? On verra ce que dira le Comité d'orientation des retraites", a-t-il ajouté en réponse à une question sur la durée de ce possible allongement. "Ça peut être une augmentation s'il y a six mois de vie professionnelle qui sont gagnés, donc on verra cela."
Selon la loi de janvier 2014, les régimes de base des salariés du privé doivent revenir à l'équilibre d'ici 2020 grâce à une hausse des cotisations de 0,6 point en quatre ans. Entre 2020 et 2040, l'équilibre doit être garanti par un allongement progressif à 43 ans de la durée de cotisation d'ici 2035 à raison d'un trimestre par an.
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Imbroglio. Mais la loi prévoit-elle la possibilité d'allonger davantage la durée de cotisation ? Non, répondent les membres du gouvernement, quitte à brouiller le message. "La loi qui a été votée prévoit un allongement de la durée de cotisation à 43 ans à partir de 2035. Je n'ai rien ajouté d'autre. J'ai dit que la durée de cotisation s'allongera progressivement, passera à 43 ans à l'horizon 2035", a précisé le ministre du Travail. "Pour ce qui est des régimes complémentaires, des négociations sont en cours. L'allongement de la durée des cotisations décidée pour les régimes de base s'appliquera aussi pour les régimes complémentaires, mais il n'y a rien d'autre de prévu", a ajouté Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales.
Il n'est "pas question" de mener une nouvelle réforme des retraites d'ici à la fin du quinquennat, a de son côté précisé l'entourage de Manuel Valls mardi soir. "Il n'est pas question de mettre en chantier, de mettre en route, d'engager une nouvelle réforme des retraites, ou une évolution de la durée de cotisation, ou de quel qu'autre paramètre des retraites que ce soit", a-t-on indiqué à Matignon, en affirmant que "François Rebsamen n'a fait que rappeler la philosophie de la réforme Ayrault", déjà adoptée.
La réforme Ayrault pourrait suffire mais... Cette déclaration de Rebsamen intervient alors qu'un rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) est présenté mardi. Selon ses projections, le retour à l'équilibre du régime général des retraites pourrait être possible dès les années 2020, en se contentant de la dernière réforme, élaborée sous le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Selon le COR, une telle réforme serait ainsi suffisante… si la situation économique de la France s'améliore. En effet, selon le COR, le retour à l'équilibre dans les années 2020 sera possible si la croissance arrive à 2,2% en 2020, contre 0,4% attendu pour 2014. Et si le chômage tombe à 4,5%, contre 10% aujourd'hui. Ce qui est loin d'être gagné.