Roupie qui dégringole : le signe d'un bouleversement mondial ?

Presque toutes les devises des grands pays émergents connaissent actuellement des accès de faiblesse, en raison d'un départ des capitaux étrangers.
Presque toutes les devises des grands pays émergents connaissent actuellement des accès de faiblesse, en raison d'un départ des capitaux étrangers. © Reuters
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La monnaie indienne, mais aussi la russe et la brésilienne, plongent en flèche. Inquiétant ?

La roupie en chute libre. Alors que Paris et Washington respirent (un peu), New Delhi est aux abois. Depuis début 2013, la roupie a perdu près de 14% de sa valeur et le gouvernement indien ne parvient pas à enrayer cette chute. Lundi, la monnaie indienne a même atteint un nouveau plus bas historique face au dollar américain, à 62,70 roupies. La Bourse de Bombay, qui avait chuté de près de 4% vendredi, perdait encore 2% lundi. Et ni la hausse des droits de douane, ni les restrictions sur les sorties de capitaux décidées par les autorités n'ont permis d'enrayer cette chute vertigineuse.

>>> Si la déconvenue de l'Inde est la plus spectaculaire, elle dénote d'un ralentissement des économies émergentes... qui profite aux pays développés.

Courbe roupie

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Les monnaies des émergents décrochent. L'Inde n'est pas un cas isolé. Presque toutes les devises des grands pays émergents, les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), connaissent actuellement des accès de faiblesse, en raison d'un départ des capitaux étrangers. La Banque centrale du Brésil est également intervenue pour rassurer les investisseurs, sans pour autant empêcher le réal de plonger vendredi et de renouer avec des plus bas niveaux remontant à 2009, au plus fort de la crise financière mondiale. Le rouble russe, lui, est également au plus bas depuis quatre ans.

Derrière la monnaie… tout le reste.  "Après une décennie de croissance déferlante, pendant laquelle les quatre pays émergents ont tiré vers le haut l'économie mondiale affaiblie par la crise financière, les géants émergents ralentissent considérablement", tranchait l'hebdomadaire The Economist, le 12 août dernier. Avec une croissance de 5% pour l'année budgétaire 2012/2013, l'Inde enregistre en effet sa plus faible performance depuis 10 ans. En Russie, le gouvernement prévoit tout au plus 2,4% cette année (fourchette haute), contre 7% par an en moyenne de 2000 à 2010. Des chiffres similaires sont enregistrés au Brésil, lui aussi un champion des années 2000. Si tous les gouvernements assurent que c'est une mauvaise passe et excluent toute récession, il s'agit d'autant d'indicateurs qui expliquent la fuite en avant des capitaux étrangers, et donc la chute des monnaies.

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En Chine, des chiffres truqués ?  L'empire du milieu n'échappe pas au ralentissement, même s'il semble bien mieux s'en sortir. À 10% il y a encore trois ans, la croissance chinoise devrait encore se situer autour de 7,5% cette année… si les chiffres ne sont pas truqués, comme le souligne un article de La Tribune. Car les indices remarqués par les observateurs sur le terrain (consommation, indice manufacturé, volume de crédits etc.) ne collent pas toujours avec les chiffres de croissance annoncés. "S'il y avait un indice de suspicion sur les statistiques officielles chinoises, il atteindrait des niveaux records", ironise même dans une note, Stephen Green, économiste chez Standard Chartered. Selon son étude, citée par La Tribune, la croissance économique chinoise était en 2011 et 2012, non pas de +9,3% et +7,8% comme l'indiquaient les chiffres officiels, mais de 7,2% et de 5,5%. Et la croissance chinoise "ne peut que ralentir face au vieillissement de sa population et donc à la diminution du nombre de travailleurs", ajoutait le journal Les Echos fin juillet.

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Les États-Unis sortent la tête de l'eau. À l'inverse, l'économie outre-Atlantique retrouve des couleurs. Le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a progressé au-delà des espérances au deuxième trimestre, en s'établissant à 1,7 % d'avril à juin en rythme annualisé, dépassant la prévision médiane des analystes qui était de 1,1 % et inversant ainsi une tendance à la baisse jusque là. Résultat, ne se sentant plus obligée d'alimenter l'économie en liquidité, la Fed (banque centrale américaine) a annoncé une hausse des taux d'intérêt. Une mesure qui a entraîné une ruée des investisseurs aux États-Unis, aux dépens des pays émergents et leurs devises.

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© Kevin Lamarque / Reuters

Et la zone euro ? Sur le Vieux-continent, les choses semblent également s'arranger. L'activité privée (indice PMI) dans la zone euro s'est en effet redressée en juillet et a atteint son plus haut niveau en 18 mois, laissant entrevoir une sortie de récession. "A son plus haut niveau depuis un an et demi, l'indice PMI montre des signes encourageants d'amélioration de la conjoncture et laisse enfin envisager, dans la zone de la monnaie unique, une sortie de récession au troisième trimestre", analysait fin juillet Chris Williamson, chef économiste chez Markit. Un coup d'accélérateur dont les locomotives sont l'Allemagne et la France, concluait le cabinet.

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Et les futurs pays émergents sont… Si les pays émergents classiques ralentissent, d’autres pays tirent vers le haut leur croissance, au point qu'un nouveau concept est apparu : les "pays frontières", du nom donné sur les places boursières à ces pays dont la croissance à deux chiffres rapprochent leurs PIB de la frontière de ceux des pays émergents. Aucune liste n'a encore été officiellement établit, mais la Fondation pour l’innovation politique cite par exemple le Bangladesh, l'Ethiopie, le Nigeria, l'Indonésie, le Vietnam et le Mexique.