Les chiffres. Les résultats de Ryanair commencent à perdre de l'altitude. La compagnie aérienne à bas coût a abaissé lundi ses prévisions de bénéfice annuel. Le groupe irlandais, actuel leader chez les "low cost", table désormais sur un bénéfice net annuel compris entre 500 et 520 millions d'euros contre 570 à 600 millions d'euros auparavant. Ce qui signifie qu'il devrait tomber dans le rouge au second semestre. "La faiblesse continue des prix des billets et de la rentabilité par passager signifie que le bénéfice annuel sera inférieur à celui qui était prévu auparavant", a indiqué la direction dans un communiqué. Pourtant, en mars, tout semblait allait pour le mieux. La compagnie commandait 175 boeing 737 pour renouveler sa flotte et anticipait une hausse de ses passagers à 100 millions d'ici 2018.
>> Que s'est-il passé depuis ? Ryanair vole-t-elle dans la bonne direction ? Le secteur du low cost est-il menacé ? Europe1.fr a demandé à Loïc Tribot La Spière, délégué général du Centre d’Étude et de Prospective Stratégique spécialisé dans le transport aérien.
Vous attendiez-vous à cette baisse de régime de Ryanair ? "Je ne suis pas surpris. Ces derniers temps, toutes les compagnies 'low cost' se sont mobilisées et ont pratiqué une politique agressive des prix. Il est évident qu'il y a une sur-offre. Même les compagnies traditionnelles offrent des opportunités 'low cost'. Tout cela fait de la concurrence à Ryanair. Mais au bout d'un moment, si elles n'évoluent pas, les 'low cost' vont se fracasser, et Ryanair la première".
Toutes les "low cost" vont-elles vraiment se "fracasser" ? "Le modèle 'low cost' n'est pas menacé, nous sommes juste à un point d'étape du marché. On se dirige simplement vers un réajustement des prix : au bout d'un moment, les compagnies ne pourront plus baisser leurs prix. Le secteur du 'low cost' subsistera mais les prix seront plus élevés qu'aujourd'hui, tout en restant moins élevés que chez les compagnies traditionnelles".
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Pourtant, Ryanair a annoncé qu'elle allait encore baisser ses prix moyen de 10%... "Ryanair est coincée. Elle ne pourra pas concurrencer les compagnies traditionnelles et leurs filiales en termes de services offerts à bord. Alors elle se sent investie de la mission de tirer ses prix vers le bas pour être le leader. Mais elle va se perdre dans le 'low cost'. Elle annonce une baisse des tarifs pour les bagages et les impressions de carte d'embarquement, elle accepte les sacs à main à bord… Ce sont de vraies mesures, mais va-t-elle réussir à supporter les coûts quand les prix des billets vont frôler le plancher ?
En réalité, Ryanair fait le jeu de sa concurrente Easyjet. Cette dernière a réussi à développer une offre de services adéquate au marché, tout en restant low cost. Ces prix sont certes plus chers que Ryanair, plus 'raisonnables', pour reprendre les mots de la direction, mais l'offre de service est meilleure. Et elle reste moins chère que les compagnies traditionnelles. C'est vers ce modèle que tend le marché du low cost, mais Ryanair va dans l'autre sens".
Le secteur du low cost n'est-il pas aussi menacé par son modèle social ? Le personnel commence à se rebiffer contre ses conditions de travail… "Depuis l'apparition du low cost, toutes les compagnies ont durci les conditions de travail. Même chez les traditionnelles, les employés se manifestent pour défendre leurs droits. Il n'y a pas d'un côté les salauds et de l'autre les gentils qui offrent des conditions de travail merveilleuses. C'est un problème qui va embêter tout le monde".