L'INFO. L'armée algérienne a donné l'assaut jeudi contre le site gazier dans le désert du Sahara où des centaines de personnes étaient retenues par un commando djihadiste. Le nombre de victimes n'est pas encore connu, mais les autorités algériennes reconnaissent déjà "quelques morts et blessés", sans donner de chiffre. Les terroristes, eux, parlent de 50 morts : 34 otages et 16 d'entre-eux.
>>> De telles prises d’otages ne sont pas nouvelles et les entreprises opérant à l’étranger ne peuvent ignorer le danger. Mais comment s’y préparent-elles ?
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• Qui est concerné ? BTP, télécoms, banque, industrie pétrolière, etc. : de très nombreuses entreprises françaises sont présentes dans cette région francophone. Au seul Mali, on dénombre ainsi une soixantaine d’entreprises françaises, mais beaucoup sont aussi implantées au Niger, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire ou encore en Mauritanie. En raison du contexte actuel de tension, ces entreprises préfèrent néanmoins rester anonymes, d’autant qu’elles ont, pour l’instant, décidé de laisser leurs salariés sur place.
• Le recours aux conseils de spécialistes. La majorité des entreprises visées appartenant au CAC 40, elles ont donc les moyens de se payer les services de sociétés de conseil en sécurité. Les entreprises opérant dans des zones sensibles y ont même recours depuis des années. Geos, Gallice, Amarante, etc. : toutes ces entreprises comptent dans leurs anciens membres des services de renseignement ou de l’armée. Leur mission est double : elles assurent d’un côté un service de veille et de renseignements, de l’autre elles forment et conseillent les employés des sociétés clientes. Étant donnée la situation actuelle, beaucoup d'entreprises implantées en Algérie ont fait venir très récemment de nouveaux spécialistes pour revoir leur plans de sécurisation.
• Comment la sécurité de ces entreprises est-elle assurée ? Outre le fait d’informer leurs clients des dangers existants dans la région avant que ces dernières ne s’y implantent, ces sociétés de sécurité effectuent également une veille. Elles réalisent "un audit sécuritaire" qui permet d'évaluer le niveau de menace : vert, orange, rouge ou même écarlate. Ces analyses sont fréquentes et deviennent même quotidiennes dans un contexte de crise, comme c’est le cas aujourd’hui.
• Les règles de sécurité au quotidien. Dans la plupart de ces pays, les entreprises françaises appliquent déjà des dispositifs de protection. Ainsi, les déplacements sont limités au maximum et se font sous escorte dans les zones à risques. Utiliser une voiture blindée n’est pas si rare et les appartements sont particulièrement sécurisés. Enfin, côté travail, les activités sont concentrées dans un seul et même endroit quand c’est possible afin d’assurer une meilleure protection des salariés. Les horaires de travail peuvent également être écourtés pour limiter la période d’exposition aux attaques potentielles.
• Ce qui est prévu en cas d’aggravation de la situation. Si l'alerte passe au niveau rouge ou écarlate, de nouvelles mesures entrent en application. Les familles peuvent ainsi être déplacées dans des appartements munis de "safe room" pour pouvoir se cacher et se protéger. Elles peuvent aussi toutes migrer vers des "campound", des sortes de base de vie entourées de barbelés et de miradors, qui protègent les habitants. Enfin, si l’alerte devient écarlate, le rapatriement s’impose : d'abord les familles puis les employés, le tout par l'intermédiaire d'avions, d’hélicoptères ou de bateaux pré-positionnés en amont.