Le conseil national de la sécurité routière (CNSR) s'est réunit vendredi pour étudier de nouveaux moyens de réduire le nombre de morts sur les routes, avec pour objectif de passer sous la barre des 2.000 décès par an d'ici à 2020, contre 3.645 l'an dernier. Parmi les pistes envisagées, le CNSR évoque la possibilité d'installer des boîtes noires dans les voitures. Des appareils déjà bien implantés aux Etats-Unis, où 95 % des véhicules en sont équipés et où l'Etat a déposé fin 2012 un projet de loi pour les rendre obligatoires, mais qui tardent à percer en France.
>> Comment ça marche ? Europe1.fr vous explique le fonctionnement de ces boîtiers.
De quoi s'agit-il ? Vous connaissez les boîtes noires, blindées et ultra-sécurisées, qui équipent les avions ? Le concept est le même pour l'automobile, explique Christophe Ramond, de la Prévention routière, interrogé par Europe1.fr : "on met dans le véhicule des composants qui vont enregistrer un certain nombre de paramètres, et qui vont les fixer en cas d'accident. Par exemple, un enclenchement d'airbag, la vitesse, le freinage, la ceinture de sécurité, etc."
Les boîtiers sont en revanche moins résistants que leur équivalent aéronautique : "On est vraiment dans un appareil à coût minimum. Ce n'est pas fait pour résister à la destruction totale du véhicule et, en cas d'incendie, on n'a pas la possibilité de récupérer les données", prévient Christophe Ramond.
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Combien ça coute ? A en croire les équipementiers automobiles, le coût de l'appareil est peu élevé, 150 euros environ. Toutefois, il doit obligatoirement être installé sur le véhicule au moment de l'assemblage : impossible de l'ajouter à une voiture déjà en circulation. Les propriétaires de celles-ci pourraient toutefois se rabattre sur des enregistreurs de conduite, des appareils plus poussés utilisés notamment par les entreprises pour gérer leur parc automobile.
A quoi ça sert ? Les principaux bénéficiaires de ces boîtiers sont les constructeurs. "Si on a des informations sur la manière dont freinent les conducteurs, on pourra améliorer les systèmes de freinage, le fonctionnement des airbags, des ceintures, etc.", détaille Christophe Ramond. De même, en analysant le comportement des conducteurs, les autorités pourront adapter les actions de sensibilisation ou de prévention.
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Est-ce bien utile ? Selon Christophe Ramond, la boîte noire n'est pas la solution miracle qui fera chuter du jour au lendemain le nombre d'accidents : "Ces données sont avant tout utilisées par les constructeurs pour adapter les générations suivantes de véhicules. La boîte noire a donc des avantages, mais plutôt à moyen terme".
Va-t-elle faire changer les comportements ? Pour ses adeptes, la boîte noire offre un autre avantage : les conducteurs, se sachant surveillés, adapteraient d'eux-mêmes leur conduite. Aux Etats-Unis, on a ainsi observé une baisse du nombre d'accidents de 36 % en l'espace de quelques années. Un chiffre que tend à relativiser Christophe Ramond : "L'une des difficultés qu'on a sur le comportement, c'est que comme il s'agit de nouveaux véhicules, ils sont déjà équipés d'autres améliorations de sécurité. Dans ces conditions, il est difficile de comparer les statistiques entre des voitures récentes et d'autres qui le sont moins".