Sécurité sociale : où Valls va-t-il trouver les 11 milliards ?

Après le discours, le Premier ministre doit passer aux actes.
Après le discours, le Premier ministre doit passer aux actes. © REUTERS
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Damien Brunon et Anne-Laure Jumet , modifié à
INFO E1 - Le Premier ministre a le plus grand mal à trouver comment honorer sa promesse d’économie sans annoncer de mauvaises nouvelles.

L’INFO. “Vérité” et “efficacité”, la promesse faite par Manuel Valls aux Français lors de son discours de politique générale est déjà mis à rude épreuve. Alors qu’il a promis 50 milliards d’euros d’économies en trois ans dans le cadre du pacte de stabilité, le Premier ministre n’arrive pas à trouver où dégager les onze milliards de coupes prévues dans le budget de la Sécurité sociale. Les dix milliards attendus du côté de l’Assurance maladie pourraient quant à eux passer par la fermeture d’une centaine d’hôpitaux et de maternités.

Dans le vague. Concernant les dépenses de la Sécurité sociale, les parlementaires ne semblent pas bien voir où le gouvernement souhaite aller. Mercredi, à l’issue d’une réunion avec le cabinet de la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, les parlementaires de la commission correspondante n’étaient pas plus informés qu’à leur entrée.

L’équipe de la ministre a évoqué des baisses de dépenses liées aux effets de la réforme des retraites, avec notamment le gel des retraites complémentaires. Cela dit, ces économies ne dépassent pas le milliard d’euros… sur les onze annoncés.

La difficulté de la tâche s’est d’ailleurs révélée au grand jour mardi. Le Premier ministre n’avait alors même pas évoqué les économies à réaliser sur la Sécurité sociale dans son discours de politique générale. A la descente de la tribune, il a été interpellé par un parlementaire influent de la majorité qui lui a fait remarquer qu’il manquait une grosse partie des 50 milliards d’euros d’économie promis. “Je sais”, lui a alors répondu Manuel Valls.

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Les pistes qui sont à l’étude. Pour remédier à cela, dans l’entourage du Premier ministre, on parle, par exemple, de freiner l'augmentation des prestations familiales, les allocations familiales notamment, voire de les geler. Une réduction des aides pour les gardes d'enfants au delà d'un certain niveau de revenus est également à l’étude, comme une réforme de l'allocation pour les chômeurs en fin de droit. Aucun arbitrage n’a néanmoins été rendu jusque là par l’exécutif. Une chose est sûre, il a conscience qu’il va devoir annoncer de mauvaises nouvelles.

Et celles qui sont écartées. Du côté du budget de l’assurance maladie, le gouvernement a moins de difficulté à trouver des économies. Sur le papier, on a déjà fait une partie du chemin puisque trois milliards d’euros ont été supprimés cette année.

Jusque là, on a beaucoup joué sur les médicaments pour faire baisser les coûts. Les gouvernements successifs ont fait chuter les prix en développant les génériques. Problème : selon les experts, on peut difficilement aller plus loin aujourd’hui. Il faut donc s’attaquer aux dépenses de l’hôpital, qui représentent 40% des dépenses de santé.

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Une centaine d’hôpitaux fermés ? Pour atteindre les objectifs, plusieurs pistes reviennent régulièrement sur la table. Parmi elles, le développement de la chirurgie ambulatoire tient la corde. Concrètement, l’idée est de garder le moins possible les patients à l’hôpital, parfois même moins d’une journée. Il y aurait potentiellement cinq milliards d’euros à économiser ici.

Selon les informations d’Europe 1, la Fédération Hospitalière de France (FHF) propose de son côté de revoir la carte sanitaire. Des économies pourraient être réalisées grâce à des coopérations et des regroupements entre établissements, privés ou publics, pour mutualiser les blocs opératoires par exemple. Selon les dernières estimations en date, c'est ainsi une centaine de sites qui pourraient fermer. Entre 30 et 50 maternités pourraient être concernées.

Autre piste, la FHF pense à supprimer les prescriptions abusives, qui représentent un tiers du total, comme les opérations de confort ou les actes de biologie réalisés plusieurs fois (prises de sang, etc.). La mesure permettrait d'économiser deux milliards d'euros sur cinq ans.

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