Les salariés de PSA sont dans l'attente. Dans l'attente des détails de suppressions de postes. Dans l'attente de ce qu'annoncera le groupe pour les recaser, lui qui promet l'absence de "licenciements secs". Dans l'attente, enfin, d'une réponse précise d'un gouvernement qui n'en finit pas d'être flou depuis plus d'une semaine.
François Hollande a dit qu'il "n'acceptait pas en l'Etat" le plan de restructuration de PSA et ses 8.000 suppressions de postes prévues. Mais il garde pour le moment le suspens sur les moyens de pression. "Nous souhaitons, avant de prendre position, mettre tout sur la table", expliquait mardi Arnaud Montebourg. Et la semaine qui s'annonce risque bien d'être décisive.
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• Lundi : la rencontre Ayrault/Varin
Cette fois, ce sera chef contre chef. Le patron de PSA Philippe Varin rencontre lundi à 15h le numéro un du gouvernement Jean-Marc Ayrault, après avoir rencontré la semaine dernière le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Au gré des réunions, d'où il ne ressort que peu informations pour le moment, direction et gouvernement tentent de trouver un terrain d'entente. Le gouvernement essaie de convaincre PSA d'alléger son plan et discute de comment relancer la filière auto. De son côté, la direction assure que la fermeture d'Aulnay (3.000 postes) est "non négociable" – sans dire si le reste l'est – et milite pour une baisse du cout du travail.
• Mercredi : plan de restructuration et CCE extraordinaire
Plan de restructuration. Outre la rencontre Ayrault/Varin de lundi, le gouvernement dévoilera mercredi son plan d'aide à la filière automobile. Aides aux véhicules innovants et propres, bonus écologique, contreparties aux subventions publiques… Arnaud Montebourg en a donné les pistes privilégiées mercredi dernier.
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Un CCE extraordinaire. PSA Peugeot Citroën dévoilera mercredi également le détail de son projet de 8.000 suppressions de postes en France et l'ampleur de sa perte semestrielle. Le constructeur automobile a mis à l'ordre du jour d'un nouveau comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire qui se tiendra, à son siège parisien, "le projet de réorganisation des activités industrielles et de réduction des effectifs". Ce qui comprend la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois, la réduction de l'activité à Rennes et "un plan de réduction des effectifs" hors production, applicable à tous les autres sites.
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Appel à manifester. Le premier constructeur automobile français et deuxième européen a déjà averti qu'il avait essuyé une perte nette au premier semestre. Il brûle environ 200 millions d'euros de liquidité par mois depuis un an et ne s'attend pas à un retour à l'équilibre de son flux de trésorerie opérationnel avant fin 2014. Sceptiques, les syndicats demandent la désignation d'un expert pour évaluer la pertinence du projet en fonction de la situation financière du groupe. Plusieurs d'entre eux ont appelé à manifester devant le siège pendant le CCE.
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• Jeudi : Montebourg rencontre la famille
Le gouvernement, lui, doute des difficultés rencontrées par PSA. Le président de la République a accusé sa direction de "mensonge" et d'avoir reporté l'annonce de son projet à l'après-présidentielle. Il a jugé ce plan social inacceptable en l'état et veut qu'il soit "renégocié". Un expert gouvernemental, Emmanuel Sartorius, est chargé de faire un point sur la situation du constructeur. Il rendra ses conclusions provisoires à la fin du mois.
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg est allé jusqu'à parler d'un "malade imaginaire", s'en prenant non seulement aux dirigeants de PSA mais aussi à ses principaux actionnaires, la famille Peugeot, avec 25,4% du capital.
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Le ministre a critiqué leur stratégie et l'alliance récente conclue avec le géant américain General Motors. Arnaud Montebourg a eu l'occasion de s'en expliquer mercredi dernier avec le président du directoire de PSA, Philippe Varin, un jour après avoir rencontré les syndicats.
Et le 26 juillet, ce sera au tour du président du conseil de surveillance, Thierry Peugeot, de voir le ministre. Ce dernier n'a d'ailleurs pas attendu ce rendez-vous pour se défendre. "Il y a des mots que je n'ai pas aimés et qui ont été répétés: 'mensonge' et 'dissimulation'. Nous sommes prêts à accepter la critique, mais il y a des limites."
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Parallèlement, le gouvernement multiplie les consultations avant la présentation de ses mesures d'aides à la filière auto. Vendredi dernier, Arnaud Montebourg a reçu des hauts dirigeants de PSA et de Renault et il entendra de nouveau, tour à tour cette fois, les syndicats de PSA la semaine prochaine. Et Mercredi, ce sera au tour du numéro un de Renault, Carlos Ghosn, d'être reçu par Jean-Marc Ayrault.